III.1.Inscrire son identité dans la matérialité de l'espace.

L'espace matériel de l'appartement que nous considérons à présent est celui qui sera concerné par la réhabilitation et par la concurrence d'appropriation, parce qu'il appartient à l'organisme HLM tandis qu'il est utilisé par les habitants. Il comprend donc les murs, les sols et plafonds, ainsi que les équipements tels que sanitaires, volets, installations de chauffage, etc., mais pas le mobilier et éléments de décoration personnels des locataires.

La liste exhaustive des modifications que cet espace matériel ainsi défini peut recevoir des habitants est impossible à dresser : les actes qui viennent modifier l'espace privé dans la vie quotidienne sont innombrables. Ils peuvent cependant être classés selon leurs caractéristiques, en distinguant les actes de nettoyage, les menus travaux d'aménagement et de décoration et les comportements de dégradation.

Si la finalité de ces actions peut être claire pour leurs auteurs, par exemple lorsqu'il s'agit de décorer ou de faciliter la vie quotidienne, elle peut également leur échapper : les comportements de nettoyage par exemple sont souvent adoptés par habitude. Certaines actions peuvent également modifier l'espace matériel sans que ce changement ne soit leur but initial : l'utilisation des radiateurs électriques qui noircissent les murs, le rangement d'un matériel à la même place qui finit par abîmer la peinture en sont quelques exemples.

Mais le moindre de ces gestes d'usage ou de transformation de l'espace matériel, qui peut sembler anodin, par sa banalité ou sa répétitivité, établit un lien rendu perceptible entre le ménage et son espace domestique, et en ce sens, relève de l'appropriation de l'espace.