III.3.1.Le statut de locataire.

L'aménagement et la décoration d'un logement relèvent toujours d'un compromis entre des ressources, notamment des ressources financières, relationnelles (pour obtenir une aide souvent précieuse) et des compétences (pour contrôler la réalisation ou faire soi-même des travaux), et des rêves, ou plus simplement des souhaits et des envies. Il arrive donc fréquemment qu'un ménage exprime des regrets en constatant un décalage entre l'appartement qu'il souhaite et l'appartement qu'il peut utiliser et montrer. Mais alors que la raison la plus simple à avancer dans ce cas est un manque de ressources, cet aspect pécuniaire est relativement absent du discours des locataires. Lorsqu'il apparaît, il est souvent voilé, comme dans cet exemple :

‘«J'ai refait mon couloir, j'ai encore les chambres à faire. Mais pour l'instant, mes moyens sont très limités » (n°9, Gennevilliers, femme).’

Le fait de préciser que les moyens sont pour l'instant limités, en laissant supposer qu'ils vont augmenter, rend la contrainte financière plus facile à supporter et à mentionner. Une autre échappatoire consiste à reporter la responsabilité sur le bailleur :

« Il est moche le sol ici, c'est des vieux carreaux, ça ne se fait plus, maintenant, on fait des trucs plus modernes, ils étaient pas riches, c'était le début qu'on construisait, il n'y avait pas beaucoup de crédits pour les HLM » (n°9, Gennevilliers, femme). ’

Les contraintes financières, qui paraissent expliquer de façon évidente que certains travaux qui pourraient rendre l'appartement plus conforme aux souhaits et aux désirs de ses occupants ne sont pas réalisés, sont ainsi peu évoquées, ou évoquées de façon détournée, comme si le fait de les expliciter était désagréable. Les raisons données bien plus souvent se rapportent au statut de locataire, par opposition à propriétaire, et peuvent être interprétées à plusieurs niveaux.