III.3.1.2.Un règlement à respecter.

Le statut de locataire est également évoqué pour expliquer que la liberté d'aménagement des habitants est restreinte : il existe un règlement qui leur interdit de réaliser des transformations importantes, comme abattre une cloison, et même si l'entretien des sols et des murs est à leur charge, ils doivent respecter certaines règles, telles que de ne pas coller la moquette s'ils choisissent ce revêtement de sol :

« (lui) Pour faire des travaux autres, il faut demander l'autorisation à l'office de HLM, à I3f, il faut qu'ils disent oui, sinon, on ne fait pas ce qu'on veut. (elle) Non, on ne fait pas ce qu'on veut. Même à une époque, on n'avait même pas le droit de coller la moquette. - Vous étiez obligés de la poser ? - Oui, de la poser, comme ça simplement, (lui) avec des bandes adhésives » (n°10, Garches, couple). ’ ‘ « Parce qu'un petit trou ici, vous avez intérêt à le reboucher, en partant, c'est strict, c'est strict, lorsqu'ils disent que les murs nous appartiennent, entre guillemets : papiers-peint, peinture, on en fait ce qu'on en veut, je ne suis pas très sûre que s'ils voyaient leurs murs taggués, ils seraient très contents. Ça m'étonnerait ! » (n°12, Gennevilliers, femme). ’

Il existe deux façons de détourner ces contraintes, voire le règlement : négocier avec l'organisme HLM en expliquant que les travaux réalisés représenteront une plus-value pour l'appartement, ou réaliser les travaux sans autorisation et remettre en état ou payer un surcoût au moment du départ. Mais aucun habitant rencontré ne dit avoir négocié avec le bailleur. Lorsque cette possibilité est évoquée par l'enquêteur, les locataires répondent qu'ils ont peur d'essuyer un refus, comme dans cet exemple :

‘«(elle) Nous, quand on a fait la cuisine, il y a très longtemps qu'on la faite, qu'on l'a changée, on a changé l'évier, qui était au milieu, on l'a mis au bout, on n'a même pas demandé l'avis aux 3F, (…) - Vous n'aviez même pas pensé à demander l'avis à 3F ? – (lui) Non, bah on est passé par un installateur de cuisine, qui nous a fait un projet, et on l'a accepté sans... (elle) On a dit « on ne va pas demander, parce que s'ils refusent, on va être embêté ! » (lui) Le cas échéant, si c'est comme ça, nous on s'engage à tout remettre à peu près comme c'était quand on part, on remettra un évier en inox, avec un sous-évier. (elle) Si ça se trouve, ce sera quand on mourra, alors d'ici là... Ils mettront ce qu'ils voudront ! Ils feront ce qu'ils voudront après. De toutes façons, on a amélioré les choses aussi » (n°4, Garches, couple).’

Dans ce cas, les locataires ont préféré réaliser les travaux qu'ils souhaitaient, sans vraiment appréhender le moment de leur départ, pensant que les choses s'arrangeront alors facilement, et en envisageant ce départ comme lointain, voire improbable. Mais une telle attitude est rare et les habitants utilisent généralement l'argument de leur statut de locataire dans un autre sens.