IV.1.Identification d'un espace collectif.

Pour l'habitat individuel, la frontière entre espace privé et espace public est généralement nette et clairement perceptible : chaque propriétaire connaît les limites de son terrain, qui sont notées dans le cadastre et souvent matérialisées sous une forme ou sous une autre, afin que les habitants puissent définir l'espace de leur intimité personnelle. Dans l'habitat collectif, la frontière est floue et on trouve, entre l'appartement (espace privé du ménage qui l'occupe) et la rue, un espace intermédiaire, de transition, qui comprend halls d'entrée, coursives, paliers, ascenseurs, escaliers, locaux à poubelle, voire allées et espaces verts formant les abords directs de l'immeuble. Le propriétaire bailleur a la charge de l'entretien de ces parties communes, dont il peut reporter les frais sur les locataires, qui disposent quant à eux de l'usage partagé de cet espace. Cette première caractéristique de l'habitat induit une représentation d'un espace dont l'usage est destiné à la communauté des habitants.

L'autre caractéristique de l'habitat collectif est de se donner à voir dans sa globalité. De l'extérieur, les logements privés sont généralement relativement similaires et forment un ensemble qui possède une unité architecturale. Cette unité matérielle est renforcée dans les représentations par l'attribution d'un nom propre, faisant de l'ensemble d'habitat collectif un lieu, un endroit circonscrit, identifié dans sa globalité et sa spécificité. Dans les deux cas étudiés, l'immeuble Paul Eluard et la résidence des Châtaigniers sont ainsi identifiés comme deux entités collectives.