IV.3.2.2.Faire preuve de solidarité.

Si la proximité entraîne une certaine méfiance dans les relations de voisinage, elle permet également que des liens d'entraide se nouent. Ainsi, bien que les habitants expriment dans leurs discours une représentation de leurs relations comme restant distantes, ils citent nombre de cas de services rendus les uns aux autres, comme dans ces exemples :

Ces exemples de services sont très divers et sont généralement rendus entre les ménages de deux appartements contigus, qu'il s'agisse de prêter un outil, un ustensile ou un ingrédient, de garder un enfant, de conserver des clefs ou un colis, d'apporter une aide aux travaux de bricolage, de faire les courses d'une personne âgée ou malade ou de l'aider à remplir des papiers administratifs, ou encore de prendre quelqu'un en voiture au passage pour l'emmener à la gare… Malgré la crainte d'entrer dans un engrenage pour certains, ou du moins malgré l'affichage de cette position de principe, les habitants se rendent de nombreux services. Cette entraide est souvent créée entre générations, les plus âgés apportant maturité et savoir-faire, tandis que les plus jeunes fournissent dynamisme et modernité. Elle est également liée à la proximité : c'est souvent le voisin le plus proche, à défaut du plus compétent, qui est sollicité, voisin de pallier, ou d'étage. Si les contacts sont facilités entre les personnes qui se croisent régulièrement, partageant les même rythmes, le simple fait d'être un voisin proche suffit pour solliciter quelqu'un d'autre.

La solidarité entre les habitants se manifeste également lorsqu'un événement particulier touche l'un d'entre eux, comme l'explique cette locataire :

  • « C'est vrai que parmi nous, si un locataire décède, ou s'il y a un mariage, ou une naissance, tout le monde participe un petit peu. On va envoyer des fleurs, des pensées, un mot gentil, une lettre, on ira même aux enterrements, il y a des quêtes... mais ça varie avec l'ancienneté des locataires, quand même» (n°12, Gennevilliers, femme).

De nombreux habitants de Gennevilliers comme de Garches mentionnent ces quêtes, systématiques lors du décès d'un locataire, et généralement réalisées par une personne passant d'appartement en appartement. Cette pratique est donc habituelle et nombre de locataires disent y être attachés et en être fiers. Cette solidarité s'exerce à l'échelle de l'immeuble ou de la résidence : tous les locataires de ce périmètre sont considérés comme concernés et sont donc sollicités, tandis que les habitants du quartier en général ne le sont pas.