V Chapitre 5.
Les réhabilitations menées par les organismes HLM

Pour pouvoir lire les réhabilitations à travers les processus d'appropriation et comparer les opérations, il faut dans un premier temps comprendre la façon dont les organismes HLM les conçoivent et les conduisent. Il s'agit donc à présent d'analyser le déroulement des opérations en y repérant les points de similitude et de divergence entre les deux sites. Pour cerner l'origine des différences entre les deux opérations de réhabilitation, l'analyse des stratégies mises en œuvre par les organismes s'avère nécessaire : c'est l'objet du présent chapitre.

L'analyse de la stratégie des organismes consiste à définir d'une part le rôle que ceux-ci se donnent : comment perçoivent-ils ce que les autres acteurs (Etat, locataires, personnes inscrites sur les listes de demande de logement) attendent d'eux ? Quelles sont les finalités qu'ils donnent à leurs actions, les objectifs qu'ils poursuivent ? Ou plus précisément, qu'est-ce que signifie pour eux de loger dans de bonnes conditions des personnes aux ressources modestes ? Il s'agit de définir d'autre part les contraintes auxquelles ils se heurtent et les moyens dont ils disposent, notamment le cadre réglementaire dans lequel ils mènent leur action. Il sera alors possible de déterminer les marges de liberté qu'ils utilisent, en fonction du sens qu'ils donnent à la réhabilitation.

Cette analyse montre d'une part que le contexte réglementaire et socio-économique, ainsi que l'expérience acquise par les organismes HLM sont des facteurs contribuant à imposer une sorte de norme que respectent les opérations, qui engendre une forte ressemblance entre les deux réhabilitations étudiées. Mais au-delà de ces contraintes imposées et de ce formalisme, la poursuite de l'analyse révèle d'autre part que le contraste entre les deux sites et les différence de position des deux organismes entraînent à la marge des particularités dans le déroulement des opérations. Ainsi, la réhabilitation de l'immeuble Paul Eluard est organisée essentiellement pour les locataires en place, autour de la notion de solidarité tandis que la réhabilitation de la résidence des Châtaigniers est sous-tendue par la notion de service rendu à un client. Les deux opérations étudiées sont donc très semblables en raison d'une tendance à la normalisation des réhabilitations, mais l'une privilégie les travaux à l'intérieur des appartements et la mise en place d'une concertation efficace, tandis que l'autre privilégie l'amélioration de l'image de l'espace collectif.