V.2.1.2.Une prise de conscience de l'importance de la concertation

Cette proximité de position, notamment sur la question de la participation des habitants à l'organisation collective, ne pouvait que conduire l'office à prôner la concertation des habitants lors d'opérations de réhabilitation. Mais bien que les responsables de l'office soient théoriquement très favorables à la mise en place de cette concertation, son organisation a posé des difficultés.

Le directeur de l'office considère que les premières opérations de réhabilitation ont échoué à prendre correctement en compte les attentes des locataires :

« On a eu des premières réhabilitations un peu ratées, dans le sens où (…) on n'a pas fait assez d'enquêtes pour les personnes, pour savoir ce qu'ils souhaitaient »

Pour le responsable du service construction/réhabilitation, la prise de conscience de ces échecs a permis de mettre en place les conditions d'une concertation réelle :

« Ça nous a permis d'apprendre qu'il y avait quand même un troisième partenaire, hormis le maître d'ouvrage, le maître d'œuvre, l'entreprise, il y a aussi le locataire, et donc que la concertation primait. Tout a été remis à plat suite à cette réhabilitation. »

Pour l'office municipal, la concertation recouvre donc une façon de travailler concrète avec les locataires, qui permette de prendre leurs souhaits en considération. Il y a pour eux un fossé entre leurs compétences techniques, qui tendent à apporter des réponses standards, et la connaissance des problèmes quotidiens que rencontrent les habitants en vivant dans leur logement, d'une manière qui leur est propre (responsable du service construction/réhabilitation) :

« C'est pour ça qu'on a compris que la réhabilitation ne pouvait pas se faire sans eux, parce que nous, on ne vit pas leurs problèmes quotidiens. On aura des solutions stéréotypées, type classique, technique et autre. »

Pour appuyer leurs dires, le directeur de l'office et le responsable du service construction/réhabilitation citent le même exemple : ils avaient réussi à obtenir à très bon prix de grandes fenêtres oscillo-battantes, afin de remplacer des fenêtres à soubassement fixe. Heureux de leur succès auprès de l'entreprise, ils n'avaient pas prévu que les habitants réagiraient très négativement, car ces nouvelles fenêtres allaient remettre en cause tout l'aménagement de leur cuisine, qui utilisait la partie fixe des fenêtres. La discussion avec les locataires a permis dans ce cas de préférer répondre aux attentes précises des habitants, plutôt que de privilégier la meilleure réponse technique.

Le principe de la concertation, clairement identifié et présenté comme une base de travail, permet à l'office d'éviter que de forts mécontentements ne soient exprimés après la réhabilitation. Pour ses responsables, il vaut mieux répondre dans les limites du possible aux attentes des habitants en amont du projet et exécuter les travaux projetés ensemble, plutôt que d'affronter des locataires furieux (responsable du service construction/réhabilitation) :

« Dès qu'on sent qu'il y a une réaction, par le biais des gardiens, (…) on se réunit tout de suite et on en parle. (…) mieux vaut que ça gueule avant, c'est nettement mieux qu'après ! »

La nécessité d'une concertation, qui consiste à se mettre à l'écoute des réactions des locataires, à discuter des choix de travaux avec eux, à organiser des votes pour les solutions qui ne font pas l'unanimité, correspond donc pour l'office de Gennevilliers à la fois à un idéal politique, à une conviction forte et à un mode de travail.