La ligne de conduite générale adoptée par l'office municipal de Gennevilliers en matière de travaux consiste à distinguer les travaux qui résultent de mise aux normes, qui engagent la responsabilité du propriétaire et dont le choix de les réaliser ou non ne peut être laissé aux locataires, et les autres travaux qui sont eux soumis aux habitants.
Certains de ces travaux, appelés «travaux à la carte» font l'objet d'un choix individuel : une fois la décision prise d'effectuer un certain type de travaux (par exemple poser X prises électriques, ou changer les éviers), chaque ménage peut disposer de leur réalisation concrète à leur guise (suivant l'exemple précédent, ils peuvent choisir l'emplacement des nouvelles prises ou du nouvel évier). Le responsable du service construction/réhabilitation explique qu'il n'impose jamais une douche ou une baignoire à un locataire : une fois que ce type de travaux (remplacement des sanitaires) est décidé, l'office proposera de choisir entre une douche et une baignoire. Les locataires peuvent ainsi, par exemple, choisir la couleur de la peinture des cuisines et des salles de bain entre quatre teintes.
D'autres travaux ne peuvent être choisis que collectivement. La teinte des façades, par exemple, fait l'objet d'un choix global des locataires, invités à venir discuter avec l'architecte en charge du projet, à qui l'office demande même d'apporter des échantillons. L'architecte peut également être amené à revoir son projet, si les habitants réagissent très négativement lors de la présentation des premières esquisses.
Le choix collectif de ces travaux fait généralement l'objet d'un vote. Le responsable du service construction / réhabilitation explique :
‘ « Pour un oui, ou pour un non, on fait voter, mais on fait voter : on joue la démocratie à fond. C'est peut-être le moins pire des machins, comme disait l'autre, mais bref, on fait voter parce qu'on n'a pas d'autre moyen de le faire. » ’Le vote n'est une solution qu'à moitié satisfaisante, car il demeure toujours des locataires mécontents, qui s'étaient prononcés contre le choix finalement effectué, mais qui permet d'accéder malgré tout à la volonté du plus grand nombre. Afin de répondre le plus finement possible aux souhaits des habitants, le choix de la solution finale est adapté au maximum, à l'exemple du retrait des colonnes de vide-ordures, qui suscitent toujours des réactions vives et opposées. Afin de répondre au mieux aux habitants, le vote est alors restreint à la cage d'escalier et la solution retenue ne s'applique donc qu'aux locataires de la cage concernée, malgré la disparité difficile à gérer qui en résulte pour l'office. Pour ne pas être accusés de favoriser telle ou telle réponse, les responsables de l'office procèdent à une relance des locataires qui n'ont pas répondu et ne profitent pas d'une courte majorité. En reprenant l'exemple des vides-ordures précédant, l'office qui avait expliqué toutes les difficultés que lui posait la conservation des colonnes (problèmes de maintenance, de nettoyage, d'éradication des cafards, de compatibilité avec les impératifs du tri sélectif et frais d'exploitation supplémentaires), a dû procéder à un second vote car il a été accusé d'avoir compté parmi les voix défavorables au maintien des colonnes celles correspondant à des logements vides.
Les responsables de l'office tentent également de proposer des solutions innovantes, afin de satisfaire au mieux les attentes de chacun. Ainsi, ayant constaté que les finitions des travaux de peinture entraînaient très souvent un fort mécontentement, ils offrent à présent une formule originale 22 : les locataires peuvent choisir une mise en peinture traditionnelle, ou obtenir seulement les pots de peinture et des prestations supplémentaires du même coût que la pose (en général, des carreaux de carrelage supplémentaires), et procéder eux-même aux travaux de peinture.
Les responsables de l'office font donc de grands efforts pour répondre le plus finement possible aux attentes de chacun des locataires, en tentant de prendre en considération tous les types de demande et en permettant aux habitants d'exprimer leurs préférences chaque fois que possible. Cette approche particulière des réhabilitations s'inscrit dans une politique plus vaste qui privilégie la concertation avec les locataires, thème cher à la municipalité qui fonde ses discours et actions sur la notion de citoyenneté.
Cette possibilité n'est apparue qu'après la réhabilitation de l'immeuble Paul Eluard.