Si les responsables de l'office de Gennevilliers pensent que les locataires attendent avant tout des travaux à l'intérieur des logements, destinés à remédier à une forme d'obsolescence et à apporter un confort supérieur, même si les travaux en façade ont également pris de l'importance au fil des opérations, la directrice de l'agence des Hauts-de-Seine du groupe 3F estime quant à elle que les locataires attendent essentiellement un changement d'image des bâtiments :
‘«Est-ce que vous pensez que les habitants attendent énormément des réhabilitations ? Vous voyez quelle réaction ? – Ah oui, oui, généralement, ils sont contents, parce que réhabilitation, ça dit un immeuble relooké, donc oui, je n'ai jamais eu d'opposition à une réhabilitation.»’L'importance des travaux en façade est à lier avec l'approche générale des réhabilitations développées par le groupe 3F qui, dans une logique commerciale, cherche à valoriser son patrimoine afin de le positionner en bonne place sur le marché immobilier local. A ce titre, l'apparence des immeubles est un critère important pour de futurs clients et doit donc être particulièrement soigné. Ce critère est d'autant plus important à Garches, que la ville et ses environs accueille un parc immobilier globalement de grande qualité. La réhabilitation de la résidence des Châtaigniers se devait ainsi d'apporter beaucoup de soin aux travaux extérieurs et à leur impact visuel.
Mais les travaux intérieurs n'en sont pas pour autant négligés. La directrice de l'agence précise d'autre part qu'une réhabilitation réussie ne peut ignorer les attentes majeures des locataires :
‘ « Une réhabilitation réussie répond aux attentes des habitants, et des locataires pour lesquels on ne ferait que le ravalement, l'étanchéité de façade, l'isolation des pignons, le changement des menuiseries extérieures, sans intervenir dans les logements ne serait pas bien comprise. Sauf s'il n'y a rien à faire. Mais s'il y a une demande des habitants de venir dans les logements, il faut en tout cas qu'on sache l'écouter. Et si ça ne tient pas dans l'enveloppe financière PALULOS, on peut être amenés à compléter la PALULOS par des GE/GR 25 , des grosses réparations. Ce qu'il faut, c'est que ce soit rationnel. » ’Si les responsables des deux organismes s'accordent sur le fait que la réhabilitation ne doit négliger ni les travaux intérieurs ni les travaux en façade attendus par les locataires, le directeur de l'office de Gennevilliers est plus sensible aux problèmes de confort intérieur, tandis que la directrice de l'agence des Hauts-de-Seine du groupe 3F est plus réceptive à la transformation d'image que permet la réhabilitation. Ces prises de position ont produit des programmes de travaux légèrement différents entre l'immeuble Paul Eluard et la résidence des Châtaigniers : la mise en peinture des pièces humides, le remplacement des sanitaires ne sont réalisés qu'à Gennevilliers, tandis que la transformation des halls d'entrée est plus radicale à Garches (cf. figure 9).
Ainsi, les deux opérations de réhabilitation étudiées à Garches et Gennevilliers sont semblables dans les grandes lignes, mais les petites différences observées sont révélatrices de la spécificité des représentations et des objectifs des acteurs qui les mènent.
Afin de répondre aux exigences de la réglementation pour bénéficier des subventions et pour maintenir leurs immeubles à un bon niveau sur le marché du logement, les deux organismes ont réalisé la même base importante de travaux de remise aux normes de sécurité et de confort actuelles (cf. figure 9) : réfection des installations électriques, remplacement des menuiseries par des fenêtres en PVC, pose de volets roulants, réfection des halls d'entrée avec pose d'interphone, reprise des façades avec une isolation par bardage, un changement des gardes-corps et un effort esthétique pour les revêtements.
Mais, afin de répondre aux attentes des locataires en place, l'office de Gennevilliers a réalisé plus de prestations à l'intérieur des logements (changement des sanitaires, mise en peinture des pièces humides, pose de faïence…), privilégiant de la sorte dans son approche globale l'espace domestique. Les responsables de l'office ont de plus cherché à laisser le plus de choix possible aux habitants, qui ont pu déterminer l'emplacement des nouveaux équipements (évier, prise électrique…) pour les prestations individuelles et participer aux décisions voire voter pour les choix collectifs (fermeture des balcons, couleurs de la façades…). Cet effort pour répondre finement aux attentes des locataires s'inscrit dans une approche plus générale qui prend pour objectif de donner la parole aux habitants, dans un esprit de citoyenneté, notions valorisées par l'office comme par la commune.
Le groupe 3F a préféré quant à lui minimiser les travaux intérieurs, jugés trop coûteux en terme de gestion, en refusant notamment tout type de travaux «à la carte», et mettre l'accent sur l'aspect extérieur et les halls d'entrée, donc sur l'espace collectif, dont l'esthétique a été particulièrement travaillée. Sa ligne de conduite recoupe celle de la municipalité, qui se considère au service des habitants pour préserver et améliorer leur cadre de vie.
A Gennevilliers comme à Garches donc l'organisme HLM a mené la réhabilitation avec des objectifs concordants avec ceux de la municipalité : l'espace des immeubles est alors considéré comme un patrimoine bâti à entretenir, préserver ou améliorer, occupé par des locataires qu'il faut satisfaire. Pour le groupe 3F, la réhabilitation permet à la fois d'adapter le parc aux contraintes de gestion, de le valoriser pour lui donner une bonne place sur le marché du logement et d'apporter de la satisfaction aux locataires présents, tandis que pour l'office de Gennevilliers, la réhabilitation permet avant tout de répondre finement aux attentes des habitants. Pour la Ville de Garches, la réhabilitation permet de préserver le cadre privilégié que constitue la commune, tandis que pour la municipalité de Gennevilliers, la réhabilitation s'inscrit dans une démarche plus générale de solidarité et de participation des habitants à la vie collective.
Les travaux d'amélioration peuvent être complétés par des travaux de gros entretien et grosses réparations (GE/GR) financés par les provisions réalisées par les organismes dans les années passées.