VI.1.1.1.Pour les habitants : des travaux obligatoires.

A la question «pourquoi, pensez-vous, l'organisme HLM a-t-il décidé de réhabiliter ?», la très grande majorité des habitants citent comme première raison la nécessité de rénover des installations vétustes, notamment les installations électriques, la plomberie et les fenêtres.

La mise aux normes des installations électriques est citée spontanément dans sept entretiens sur huit abordant cette question pour l'immeuble Paul Eluard et dans deux entretiens sur cinq pour la résidence des Châtaigniers. Les locataires soulignent le danger que représentent des installations électriques hors normes, en se référant souvent aux risques d'incendie, en citant, pour les habitants de l'immeuble Paul Eluard, des feux d'appartement qui ont eu lieu dans leur quartier, comme dans ces exemples :

  • « Dans le même bâtiment, on a eu deux appartements qui ont brûlé, rapport déjà à l'électricité, parce que c'était plus conforme» (n°7, Gennevilliers, couple)
  • « Et puis tous ces incendies, ces appartements qui ont pris feu, à Gennevilliers, je crois que ça les a incités aussi à faire une réhabilitation» (n°12, Gennevilliers, femme).

Les habitants accusent également les anciennes fenêtres de vétusté, de saleté, expliquant qu'elles joignaient mal. Certains soulignent pour ces installations aussi un aspect dangereux :

  • « Les fenêtres, c'était pareil, elles ne tenaient plus, une fois, on a eu une tempête, tous les carreaux cassaient, alors il fallait qu'ils les changent aussi.» (n°3, Gennevilliers, femme).
  • « Les fenêtres, elles étaient dangereuses, d'un coup de vent, elles se retournaient, on aurait pu être défenestré parce qu'elles s'ouvraient comme ça, (…) elles n'étaient pas sécurisantes, parce que toutes les fenêtres ont été refaites à Gennevilliers, c'est qu'il y a une raison, pour mettre du PVC et tout ça. » (n°12, Gennevilliers, femme).

Enfin, les anciennes installations sanitaires étaient perçues à Gennevilliers comme étant devenues insupportables à cause de fuites à répétition :

  • « Tout ce qui est plomberie, c'était trop vieux, il fallait qu'ils changent, il y avait des fuites, les gens en avaient marre, des fuites tout le temps, la robinetterie était morte» (n°2, Gennevilliers, femme).

Outre cette vétusté, souvent présentée comme dangereuse et beaucoup plus présente dans les discours des habitants de Gennevilliers que de Garches, les locataires de la résidence des Châtaigniers citent deux autres raisons. La première concerne la nécessité pour l'organisme de rénover les bâtiments dans un souci d'esthétique, pour ne pas ternir la réputation de Garches comme celle d'une ville coquette, raison qui apparaît dans deux entretiens sur cinq :

  • « Ça commençait à se dégrader, ça avait besoin d'être fait, c'est pour ça qu'ils l'ont fait d'ailleurs, ils ne pouvaient pas laisser ça comme ça, ça serait devenu une vraie zone, ici. Et pour une ville comme Garches, ils ne pouvaient pas laisser ça comme ça, là, c'est le maire, ils ne pouvaient pas laisser comme ça» (n°1, Garches, femme).
  • « (lui) Tout ce que je comprends d'abord, c'est qu'ils n'étaient plus aux normes pour l'électricité. (elle) Ou alors, c'est pour autre chose, c'est dû à un côté prestige. (…) pour l'aspect extérieur, je pense que c'est pour donner une… les balcons, c'est vrai, je ne sais pas si c'est parce que le maire n'habitait pas loin… » (n°8, Garches, couple).

Ces habitants considèrent ainsi qu'un autre acteur, la municipalité, est intervenu, directement ou non, dans la décision de réhabiliter. D'autres font référence à un autre acteur encore, l'Etat, qui selon eux, oblige légalement les organismes à faire des travaux. Cette raison est présentée dans deux entretiens sur cinq :

  • « (lui) Ça devait être une obligation je pense. – Une obligation ?… – (lui) Je pense, je ne sais pas. (elle) Oui, parce que de toutes façons, c'est des décisions gouvernementales, ça, la réhabilitation» (n°8, Garches, couple).
  • « Je crois que c'est obligatoire, c'est obligatoire par le gouvernement, ça oui».(n°6, Garches, couple).

Ainsi, que les habitants justifient la réhabilitation en affirmant que les travaux s'avéraient indispensables pour une mise aux normes de sécurité ou pour la préservation de la bonne réputation de la ville, ou qu'ils étaient obligatoires suite aux décisions gouvernementales, ils estiment chaque fois que les travaux étaient absolument nécessaires. Cette notion d'une réhabilitation nécessaire apparaît également, dans la présentation de leurs réponses, par le choix de termes évoquant une forme d'obligation du bailleur de réhabiliter. Les mots « il fallait » , « besoin » , « obligés», etc., sont très employés, comme dans ces exemples :

  • « Tout ce qu'ils ont fait, il fallait le faire, voilà ! « (n°2, Gennevilliers, femme).
  • « Tous les carreaux cassaient, il fallait qu'ils les changent aussi !«(n°3, Gennevilliers, femme).
  • « C'était vétuste, il fallait le faire » (n°5, Gennevilliers, homme).
  • « Ils étaient bien obligés de refaire, (…) ils savaient qu'il fallait le faire » (n°7, Gennevilliers, couple)
  • « Ils ne pouvaient pas laisser ça comme ça, ça avait besoin d'être fait » (n°1, Garches, femme)
  • « C'est suite que les immeubles sont très anciens, donc ils en avaient besoin » (n°5, Gennevilliers, homme).
  • « Il y a des choses, comme l'électricité, certainement, ils ne pouvaient pas passer au travers » (n°10, Garches, couple).

Les habitants insistent ainsi sur le fait que la réhabilitation a été décidée pour réaliser des travaux de rénovation et d'entretien, de remise aux normes, absolument nécessaires au maintien des bâtiments. Ils soulignent l'ancien état déplorable des immeubles et l'obligation pour les bailleurs d'intervenir pour remettre le bâti à niveau. Ils ne se présentent donc jamais comme les principaux bénéficiaires des travaux, pour le compte desquels les opérations de réhabilitation sont entreprises, en privilégiant les interprétations portant sur la nécessité pour un bailleur d'entretenir son patrimoine vis à vis de la loi et du souhait des élus de la commune, et son obligation de rendre les installations conformes aux normes en vigueur. A l'inverse, les professionnels des organismes HLM donnent sens à leurs actions en plaçant le confort des locataires au centre de leurs objectifs.