VI.1.2.4.La peur de subir des dégâts.

Au moment de l'annonce de la réhabilitation, les habitants ne savent pas exactement quels travaux vont être réalisés : l'opération leur apparaît comme menaçante, pour leur tranquillité durant la phase de travaux mais aussi pour les aménagements personnels qu'ils ont pu réaliser dans leur logement. Les locataires savent seulement que des travaux seront faits dans leur appartement patiemment entretenu et décoré, mais ignorent comment ils seront réalisés. Cette part d'inconnu engendre à la fois inquiétude et méfiance, d'autant plus que les rumeurs qui circulent font état de travaux lourds et importants :

L'utilisation du terme «grandiose» est révélatrice de l'ambiguïté des impressions des locataires au moment où ils imaginent les futurs travaux : la satisfaction liée à l'espoir de véritables transformations positives se mêle inévitablement de craintes sur leurs conséquences. Plus les habitants ont réalisé de travaux d'amélioration personnels chez eux, plus ces travaux sont récents et plus leur inquiétude est vive, comme le montrent ces personnes :

  • «Et comment vous avez réagi quand vous avez su qu'il allait y avoir une réhabilitation ? Qu'est-ce que vous avez pensé ? – Ben moi, je n'étais pas contente, parce que je me disais : « moi, je viens de refaire mon logement, s'ils me le salissent… »» (n°13, Gennevilliers, couple).
  • «Alors comment vous avez appris la nouvelle, qu'il allait y avoir une réhabilitation ? – Au début, je me suis dit : « ça risque de ne pas … » ça peut nous apporter des … comment dire ? des points positifs. D'un autre côté, je me suis dit : « ils vont me déglinguer tout ce qu'il y a de propre dans ma maison ! »» (n°4, Gennevilliers, femme).

Dans ces deux cas, les locataires emploient des termes renvoyant aux notions de propreté : ils craignent plus les petits dégâts provoqués par la réalisation des travaux de réhabilitation ( « s'ils me le salissent » , « ils vont me déglinguer tout ce qu'il y a de propre»), que des dégradations importantes. Ils ne redoutent pas précisément que de nouvelles réalisations viennent remplacer, de façon autoritaire, celles qu'ils ont pu faire eux-mêmes, mais s'inquiètent de la façon dont les travaux seront réalisés, avec le risque que les tapisseries, les peintures ou les sols ne soient abîmés par le travail des ouvriers.