VI.2.3.4.Ne compter que sur soi-même.

Alors que les organismes HLM cherchent à faire des locataires des partenaires dans les opérations de réhabilitation, certains habitants déçus des travaux, ou seulement persuadés des limites des capacités des bailleurs à répondre à leurs attentes et à négocier avec eux, considèrent qu'ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes pour réaliser les aménagements qu'ils souhaitent :

Par ces propos, les locataires expriment une forme de rejet de la relation de collaboration que souhaitent établir les organismes HLM, niant sa faisabilité, rappelant un pouvoir fort du bailleur mais aussi leur contre-pouvoir qui permet, par le seul usage du logement, d'avoir finalement le dernier mot.

Les locataires interviennent ainsi d'une part directement auprès des professionnels pour les convaincre de réaliser les adaptations des travaux qu'ils souhaitent. Ils interviennent alors sur la transformation matérielle de leur espace domestique, en se positionnant clairement comme étant à l'origine des ajustements, ce qui constitue un comportement d'appropriation de l'espace privé. D'autre part, les habitants procèdent à différentes formes de rejet d'une relation partenariale avec les organismes HLM, ce qui est un moyen de montrer qu'ils ne sont pas responsables de réalisations qu'ils déplorent. Cette explicitation de leur absence d'implication dans ces transformations permet aux habitants de conserver une image positive de leur logement en relation avec eux-mêmes, en séparant les éléments négatifs dont ils rendent les organismes HLM uniques responsables. La phase de travaux de la réhabilitation s'inscrit ainsi dans le processus d'appropriation de l'espace domestique. Après le départ des professionnels, ce processus se poursuit par la réalisation de nouveaux actes d'appropriation.