VI.3.1.Effectuer de nouveaux travaux.

Les deux pilotes de chantier de l'immeuble Paul Eluard, l'un de l'office HLM de Gennevilliers et l'autre de l'entreprise générale engagée, affirment que les habitants, pour une très grande majorité, interviennent à nouveau dans leur logement dès que l'opération de réhabilitation est achevée. Ils considèrent tous deux que l'opération vient perturber les anciennes habitudes des locataires et qu'elle agit comme un signal ou une impulsion qui pousse les habitants à réaliser eux-mêmes les transformations qu'ils souhaitent :

« Et dès qu'on est passé, alors vous voyez les estafettes qui amènent les mobiliers, les gazinières; ils [les habitants] changent, ils refont les tapisseries, c'est un nouveau départ. C'est bien, on les fouette un petit peu, les gens sont chez eux, s'ils ne bougent pas, c'est un petit peu sclérosé. On arrive, on bouscule un peu leur train-train, après ça, on les voit, c'est des gens qui à l'intérieur, bougent. » (Pilote de chantier d'une société prestataire engagée par l'office municipal de Gennevilliers). ’ ‘«Moi, j'ai constaté qu'à chaque fois qu'on fait une réhabilitation, (…) les gens réaménagent souvent leur logement. Donc je pense qu'on a donné un petit coup de jeune, et on bouscule les gens, dans leurs habitudes. (…) comme tout est bien rangé à des endroits précis, on arrive et on bouscule tout, et souvent, ils refont les peintures, les papiers, ils réaménagent, ils rachètent des meubles. – Ca leur coûte cher finalement ? – Ca leur coûte cher, oui, je vois des logements en mauvais état, où les gens refont tout, des gens qui n'entretiennent plus leur logement et qui sont dégradés, vraiment dégradés, où les gens ont envie de redémarrer sur autre chose, lorsqu'on est passé, qu'on a fait la réhabilitation, ils ont envie de changer un peu leur logement, de continuer à le changer. Tout ça, c'est bien, c'est positif. » (Pilote de chantier de l'office de Gennevilliers). ’

Ces professionnels considèrent que leur action est positive pour les locataires en ce qu'elle les incite à entreprendre personnellement des travaux. Il leur semble stimuler les habitants à poursuivre les améliorations qu'ils ont engagées lors des réhabilitations, ce qui rend leur intervention légitime. Si ces nouveaux travaux sont valorisés par les professionnels qui considèrent qu'il s'agit d'une réaction positive des habitants («C'est bien», «Tout ça, c'est bien, c'est positif») ils semblent inévitables pour les locataires, qui avaient prévu de faire ces travaux ou qui soulignent la nécessité de réparer les dégâts causés par la réhabilitation. Ainsi, les habitants semblent éprouver un véritable besoin de refaire des aménagements ou de la décoration dans leur appartement à la fin de la réhabilitation, même si les raisons qu'ils avancent sont diverses.