VII.1. Une faible participation à la transformation de l'espace matériel.

Lorsque la réhabilitation concerne l'espace domestique, les ménages mettent en œuvre des stratégies de négociation afin d'intervenir directement sur les transformations réalisées et de les adapter en fonction de leurs usages et de leurs critères esthétiques. Ils poursuivent de la sorte leur comportement d'appropriation entamé par la réalisation de travaux personnels avant la réhabilitation. Le groupe d'habitants procède-t-il de la même façon en cherchant à influencer la réalisation des travaux sur l'espace collectif ? Quels facteurs, relatifs aux représentations socio-spatiales du groupe et aux comportements d'appropriation engagés avant les travaux par les habitants, permettent d'expliquer la faiblesse ou la force de la mobilisation des locataires pour intervenir sur les transformations réalisées sur l'espace collectif ?

Les habitants ont eu la possibilité de négocier collectivement l'évolution du programme de travaux en amont de la phase de chantier, au moment de la concertation organisée par les organismes HLM. Ils ont pu intervenir par le biais d'associations, constituées sur chacun des sites, et par une participation directe ou par une représentation aux réunions de concertation.

L'analyse montre d'une part que les associations se sont révélées impuissantes pour mobiliser les locataires, pour engager une action commune et pour peser sur l'évolution du programme de travaux. D'autre part, bien que les habitants aient eu la possibilité de faire entendre leurs souhaits et que les organismes HLM affirment s'être montrés à l'écoute de leurs attentes, les habitants ne considèrent pas être intervenus collectivement dans la conception du programme de travaux et dans sa réalisation. Cette faible mobilisation s'explique notamment l'absence de représentations socio-spatiales consensuelles.