VII.1.1.2.Un leader désavoué à Garches.

A Garches, la situation a évolué de façon très différente. Une première association des habitants de la résidence s'était montée dans les années 1970. Les plus anciens locataires s'en souviennent encore : un homme assez âgé s'était alors beaucoup investi pour organiser des réunions dans un local de la résidence utilisé à cette époque pour la vie associative et cédé depuis à la municipalité. Une trentaine de personnes s'étaient rassemblées, versant une cotisation à l'association. Si cette mobilisation collective et cette solidarité sont restées présentes dans les esprits, les objectifs de ces réunions et les revendications d'alors ont été complètement oubliées ainsi que les actions entreprises : certains parlent de loyers versés à la Caisse des Dépôts et Consignations, tandis que d'autres se souviennent d'une grève des charges. Mais ces réunions ont été peu nombreuses et le nombre de participants a très vite chuté. Deux explications de ce rapide échec sont données par les habitants. D'une part l'association a été perçue comme étant politisée et proche du parti communiste, ce qui a déplu à nombre de locataires, et d'autre part, le manque de résultats positifs a vite découragé les adhérents les moins convaincus. Une autre tentative de relancer cette association a eu lieu quelques années après, sans aucun succès, en raison d'un manque complet d'adhésion des habitants au projet. La personne qui avait dirigé l'association est ensuite décédée et personne n'a souhaité reprendre son action.

La réhabilitation a été l'occasion de recréer une association à la résidence des Châtaigniers. Une locataire a cherché à mobiliser les habitants pour s'opposer au projet. Elle a dans un premier temps obtenu le soutien de la CNL (Confédération Nationale du Logement), un des responsables participant aux réunions de concertation, mais pas celui des autres résidents volontaires qui la connaissaient et ne lui faisaient pas confiance. Il semble que les motivations de cette locataire aient été essentiellement de discréditer le groupe 3F, organisme avec lequel elle entretenait de très mauvaises relations. Elle a donc distribué des tracts dans les boîtes aux lettres dénonçant des agissements du groupe 3F décrits comme frauduleux. Au cours d'une des premières réunions de concertation, elle a tenu des propos que la directrice d'agence des Hauts-de-Seine a jugé diffamatoires et inacceptables car injurieux envers le président du groupe 3F et elle a été exclue du processus de concertation. Cette locataire a alors perdu l'appui de la CNL et a cessé son activité. Elle a déménagé peu de temps après la fin du chantier.

Les professionnels du groupe 3F parlent de cette personne comme d'une «folle», qui cherchait systématiquement à se plaindre, à les dénigrer et à les harceler, et qui accumulait les incidents relationnels avec les autres habitants. La directrice d'agence raconte que des ouvriers ont accusé cette locataire de leur avoir jeté par la fenêtre un seau d'eau chaude alors qu'ils travaillaient sur la façade et d'avoir tenté de renverser un support d'échafaudage avec sa voiture. Cette association n'a donc eu aucun impact sur l'évolution du programme de travaux, ni aucune influence sur les professionnels des organismes HLM qui ne lui ont reconnu aucune légitimité.

Les deux associations à Gennevilliers et Garches, pourtant très différentes, n'ont pas réussi à être pour l'ensemble des locataires qu'elles représentaient une véritable force de négociation, permettant d'avoir de l'influence sur l'organisme HLM, même si l'amicale de Gennevilliers a eu beaucoup plus de poids que celle de Garches. Les habitants n'évoquent donc pas spontanément les associations à propos de la réhabilitation et aucun ne raconte avoir recherché l'appui d'une amicale. Les associations ont donc essuyé un véritable échec qui s'est traduit par leur rapide disparition.