VII.2.1.1.Une inauguration symbolique pour la municipalité.

L'organisme HLM et la municipalité tiennent à marquer l'identité des différents quartiers et bâtiments de Gennevilliers en utilisant leurs noms dans leurs activités de gestion du parc et de communication avec les locataires. Poursuivant cette démarche, ils ont décidé de faire réaliser des portraits des personnages qui donnent leur nom aux immeubles, afin que ces images soient porteuses de sens pour les habitants des immeubles concernés et du reste de la ville. Le portrait devient de la sorte le nouveau symbole de l'immeuble et de ses habitants, suite à la période de réhabilitation. Pour la municipalité et l'office, l'élément matériel que constitue le portrait rend plus perceptible la référence au nom du lieu et peut devenir le support de représentations identitaires.

La réalisation du portrait et son inauguration, qui permet de le mettre en valeur, sont donc importantes pour le maire et le président de l'office qui ont décidé de l'organiser de façon systématique à la fin de chaque réhabilitation d'un ou de quelques immeubles du quartier du Fossé de l'Aumône et de communiquer sur chacun des événements. Ainsi le journal de la ville (Gennevilliers Magazine) comme le journal de l'office (Agora) couvrent systématiquement ces manifestations.

L'article d'Agora présentant l'inauguration de l'immeuble Paul Eluard raconte :

« Le samedi 14 décembre, les cuivres du groupe Pentatonic étaient au rendez-vous pour fêter la fin des travaux de réhabilitation de trois immeubles. Jacques Brunhes, député-maire, et Roland Muzeau, conseiller général, étaient présents. Chaque immeuble s'orne désormais d'une mosaïque réalisée par le plasticien Michaël Gaumnitz à l'effigie du poète Paul Eluard, de la romancière Georges Sand et du fondateur du Parti Ouvrier Français Jules Guesde. Ce sont des membres des groupes de travail : M.M., P.R., G.M. et des élus du quartier, Marc Faugères, Chantal Clabaut, et Mireille Rustin qui ont découvert les œuvres. » 26

En soulignant la présence du maire de la ville et du conseiller général, l'auteur de l'article montre l'importance de l'événement. Il se veut également pédagogue en précisant à quel titre les personnages qui donnent leur nom aux bâtiments sont devenus célèbres, et le rappel de ces noms illustres, comme le fait d'évoquer le nom de l'artiste auteur des mosaïques et la présence des personnalités de la ville, apporte un certain prestige à l'inauguration. Citer les noms des personnes qui ont participé à la concertation est à la fois une façon de souligner l'importance de leur participation, en leur offrant une certaine forme de renommée, et de rappeler que la réhabilitation est une opération qui concerne les habitants au premier chef. Enfin, la mention des «cuivres» du groupe de musique invité pour l'occasion rappelle l'ambiance festive dans laquelle s'est déroulée l'inauguration des trois bâtiments.

La fin des travaux sur l'ensemble du quartier du Fossé de l'Aumône a donné lieu à une inauguration encore plus festive, organisée par le comité de quartier. La mosaïque du dernier bâtiment réhabilité a été découverte de la même façon que lors des inaugurations précédentes, donnant lieu à de nouvelles allocutions, plus longues, des élus invités, une tribune ayant été installée sous le préau de l'école voisine. Ces discours ont été suivis d'un vin d'honneur, d'un feu d'artifice, d'un repas et d'un bal dans le gymnase à proximité. Ces festivités ont donné lieu, comme les précédentes, à de nombreux articles dans les journaux de la ville et de l'office. Dans un dossier de Gennevilliers Magazine 27 réalisé spécialement sur la réhabilitation, une des photographies choisies pour illustrer ce sujet montre un drapeau français qui s'abaisse pour révéler la mosaïque du portrait d'Auguste Renoir, sur le dernier bâtiment du Fossé de l'Aumône réhabilité.

Le soin apporté à la mise en scène de ces inaugurations et à la communication réalisée à leur sujet est révélateur de la portée symbolique que les élus souhaitent en donner. Ces manifestations festives permettent à la municipalité et à l'office HLM de valoriser leurs actions, en montrant qu'ils associent la fin de l'opération de réhabilitation à un moment important et joyeux. La fête organisée s'apparente à une cérémonie commune permettant de marquer le passage d'une phase de travaux pénibles pour les habitants à une phase d'usage des bâtiments rénovés, rendus plus beaux, plus confortables et agréables. La rupture entre une période passée et une période à venir, qui démarre sous les signes de la gaieté et qui doit se révéler prometteuse, est ainsi clairement marquée, par l'organisation de la fête montrant toute l'importance accordée à l'évènement.

Notes
26.

Agora, Revue de l'OPMHLM de Gennevilliers, n°27, mars 1997.

27.

Numéro de janvier 1997