Un objet de recherche

Nous présentons notre recherche selon les quatre temps de notre démarche : un recul, un regard, une rupture, une rencontre. Ainsi, les quatre parties de cette thèse veulent rendre compte des étapes du travail de construction d’un nouvel objet de connaissance que nous avons nommé « la compétence professionnelle à l’accord interprofessionnel ». Ce parcours nous occupa, a-t-on dit, près de dix ans. La façon dont ces quatre phases s’articulent, entre syncopes ou redondances, indique le tempo de notre parcours de formation :

Notre ambition n’est en aucun cas de construire une image idéale des enseignants en établissement médico-éducatifs, en dénonçant le peu de reconnaissance dont ils font l’objet et, en modélisant une compétence professionnelle spécifique, de les présenter comme des experts de l’intégration scolaire. Vingt années de pratiques nous ont convaincu que le détour ségrégatif par les établissements spécialisés n’est pas, la plupart du temps, une voie de socialisation, mais la première étape d’un long parcours de marginalisation. Nous savons la souffrance des enfants ou des adolescents placés, séparés, à des fins illusoires de réorientation vers l’école commune, de leurs parents, de leurs fratries, de leur village, de leur quartier. Combien d’élèves avons-nous côtoyés, qui refusaient tout apprentissage pour tenter de résister à la douleur de ces séparations ?

Nous sommes convaincu que l’école de tous doit accueillir ces enfants et ces adolescents, et qu’elle le peut, sauf exception à justifier rigoureusement. Mais, pour assurer avec succès le retour de ces cohortes d’exclus dans les classes, il est une ressource indispensable, quoique fréquemment ignorée ou décriée : l’expérience de ceux qui les accompagnent quotidiennement depuis plus d’un demi siècle, les enseignants des Etablissements Médico-Educatifs. C’est à ce projet que nous souhaitons que cette recherche contribue.