1.1. Déficit de littérature ou littérature du déficit.

On pourrait imaginer que, conscients de la fréquence de ce questionnement et de la rareté des éléments de réponse disponibles dans le corps social, lesdits spécialistes (enseignants, mais aussi responsables d'établissement, inspecteurs et conseillers pédagogiques chargés du secteur de l'AIS - Adaptation et Intégration Scolaires -, formateurs et responsables de formation, chercheurs, etc...) s'efforcent de décrire, voire d'analyser, les réalités des pratiques professionnelles des enseignants en E.M.E. A destination du grand public, des parents d'enfant en situation de handicap, des enseignants des établissements "ordinaires" ou des travailleurs sociaux, paraissent régulièrement des ouvrages, présentés le plus souvent comme des guides ⁸ de l'éducation ou de l'enseignement spécialisé, visant à aider les "non-spécialistes" à se repérer dans les différentes structures administratives, en vue de l'éventuelle orientation d'un enfant ou d'un adolescent dans un établissement spécialisé. Egalement, des études traitant plus spécifiquement des pratiques d'intégration ⁹ des enfants handicapés en milieu scolaire ordinaire sont facilement disponibles, pour, par exemple, des enseignants ou des directeurs d'école soucieux d'ouvrir leur établissement au plus grand nombre, ou des parents souhaitant éviter à leur enfant une orientation vécue comme ségrégative.

Mais d'ouvrages, voire d'articles, accessibles à un public large sur les pratiques scolaires dans les établissements médico-éducatifs, on n'en trouve quasiment pas, comme si l'intérêt de tous s'arrêtait aux portes des instituts spécialisés, une fois prises et motivées les décisions d'orientation ou d'intégration : l'élève en situation de handicap se verrait ainsi assigner une place en retrait des discours sociaux communs. S'ouvre à lui un espace silencieux de pratiques inconnues du plus grand nombre : qui pourra l'y accompagner ?