Chapitre 3 : logiques et cohérence

3.1. Des pôles de cohérence

Nourries de tensions socio-historiques vivaces, encadrées par des réglementations peu appliquées ou détournées, mises en œuvre par des professionnels de statut ou de qualification multiples, très peu décrites par ceux qui les exercent, mais critiquées par les experts, ignorées par les statistiques, les pratiques des enseignants en EME apparaissent au premier abord comme un objet de recherche difficile à cerner et à modéliser. Sans doute ce manque de visibilité immédiate, ce silence, cette confusion, contribuent-ils à expliquer la rareté des travaux sur ces pratiques, comme si les discours savants eux aussi devaient participer au mouvement de refoulement des pratiques minoritaires par les logiques institutionnelles dominantes. Il nous semble, au contraire, que l'exigence du chercheur en Sciences Humaines, a fortiori en Sciences de l'Education, doit être de dévoiler ce qui aurait tendance à ne pas devoir apparaître, à mettre en lumière ce qui reste dans l'ombre, à constituer en objet d'étude ce qui est objet d'oubli. Bref à réinscrire dans le mouvement social des échanges de savoir et d'idées, des débats voire des querelles, les éléments marginalisés et peu à peu exclus de l'expérience commune.