4.3.3. Les autres rencontres

Il existe bien entendu d'autres réunions qui organisent la vie de l'établissement et auxquelles les différentes catégories d'enseignants peuvent être amenées à participer, mais dans des statuts particuliers d'élus ou de représentants. Ce sont, par exemple, les rencontres à caractère syndical, et les différentes assemblées instaurées par le Code du Travail, sous la responsabilité ou sur l’initiative des représentants du personnel, des comités d'établissement ou des comités d'hygiène et de sécurité… Depuis une dizaine d'années, se mettent également en place des Conseils d'Etablissement, qui réunissent, sur l’initiative du directeur d'établissement et autour de représentants des usagers (parents d'élèves le plus souvent), les représentants de chaque catégorie d'acteurs : les enfants, les personnels, les collectivités territoriales ... Ces réunions n'ont pas compétence pédagogique, c'est pourquoi aucune d'entre elles n'est prise en compte dans cette recherche.

En revanche, nous souhaitons accorder une attention toute particulière à ces inévitables rencontres aléatoires ou parfois provoquées, ou induites par certaines dispositions institutionnelles, architecturales ou organisationnelles ; les rendez-vous informels dont deux professionnels conviennent afin de régler rapidement une difficulté passagère peuvent rentrer dans cette catégorie. Ces rencontres informelles ont certes l'avantage de pouvoir s'improviser à tout moment, sans lourdeurs organisationnelles ou hiérarchiques. Mais elles ont l'inconvénient majeur de ne pas être prévues : des deux personnes qui se rencontrent ainsi, une, au minimum, a autre chose à faire. Ainsi, au moment de rentrer en classe, de l'éducateur d'internat qui peut informer son collègue instituteur de l'énurésie de l'un, de la visite des parents de l'autre : difficile à l'enseignant de prêter toute son attention à de tels propos, quand douze autres enfants commencent à se battre dans le couloir. Il s’agit là d’un cas extrême : a contrario, bien des établissements disposent d'un lieu accueillant, où, autour d'une cafetière, les enseignants peuvent rencontrer le reste de l'équipe, en surveillant peu ou prou la récréation. Les rencontres spontanées deviennent alors bavardages réguliers, qui permettent à chacun de dire ce qu'on ne peut entendre dans aucune autre réunion : "le bavardage, dans nos groupes de soin, devient souvent une fuite, mais par ses randonnées vagabondes, il peut aussi bien faciliter alors la formulation de doutes précis sur place. On ne rencontre pas les autres pour convaincre les autres de ce qu'on fait, on doute simplement. Un "je ne sais pas" qui espère quelque lumière des autres est plus fécond que l'affirmation de ce que l'on sait" 296 , affirme François Tosquelles, avant de réfuter l'idée même d'une possibilité d'autre forme de réunion que ces agglomérats bavards: "Se perdre! Bien sûr! (...) C'est pourquoi il faut s'entraîner à l'écoute des polyphonies plutôt que de concevoir a priori qu'il y a des rencontres pluridisciplinaires" 297

Notes
296.

TOSQUELLES (François), De la personne au groupe, à propos des équipes de soins, Toulouse, ERES, 1995, p. 62

297.

Ibid., p. 79