4.3.4. L'investissement des réunions

Nous faisons l'hypothèse que l'enseignant investit ces différentes formes de réunion avec un intérêt qui peut être de trois ordres :

Bien entendu, ces trois formes d'intérêt ne sont pas exclusives les unes des autres. Aussi, nous avons demandé aux enseignants destinataires du questionnaire s'ils les trouvaient "utiles, conviviales et fatigantes". Leurs réponses méritent attention :

Tableau n°2-49 Qualités des réunions (en % des réponses exprimées )
  réunions ins-titutionnelles Réunions de synthèse analyse de la pratique pluridisciplinaires réunions pé-dagogiques rencontres spontanées
très
utiles
42 79 68 52 62 76
très conviviales 10 15 16 23 41 71
très fatigantes 28 12 20 09 04 01

Comme nous l'avons constaté au sujet de l'investissement des différents projets, les enseignants sont plutôt enclins à investir toutes les formes de rencontre qui leur sont proposées: la réunion institutionnelle ne fait pas, comme prévu, l'unanimité contre elle, mais est au contraire considérée par quatre enseignants sur dix comme très utile. Par contre, le sentiment de convivialité, qui permet à la plupart des analystes de défendre telle ou telle forme de regroupement (fonction contenante, "Moi-équipe", plaisir d'être ensemble...) ne caractérise que très marginalement les réunions interprofessionnelles : même, on peut se demander si la forme "réunion interprofessionnelle" n'est pas antinomique de la convivialité, les deux seules formes de travail qui rassemblent une proportion importante sont celles qui ne sont soit pas des réunions (rencontres spontanées), soit pas interprofessionnelles (les réunions pédagogiques).

Le sentiment de fatigue est peu exprimé : à peine plus du quart des réponses font état de réunions institutionnelles "très fatigantes". Cette qualité, associée à l'utilité des réunions, nous permet d'approcher, par une mesure simple, le sentiment d'efficacité en calculant le rapport entre ces deux modalités : ce "taux d'efficacité des réunions" varie de 1.5 (réunions institutionnelles) à 76 (rencontres spontanées). On pourrait ainsi graduer par proportionnalité une échelle des réunions efficaces :

Tableau n° 2-50. Echelle d'efficacité des formes de réunion
forme
de
réunions
taux d'effi-cacité rapport indicatif d'échelle
réunions institutionnelles 1.5
analyses de la pratique 3.4 x 2
réunions pluridisciplinaires
synthèses
5.8
6.6
x 2
réunions pédagogiques 15.5 x 2.5
rencontres spontanées 76 x 5

En terme d'efficacité, l'écart est encore plus grand qu'en terme d'utilité, entre les réunions interprofessionnelles, jugées nettement moins efficaces que les autres formes de concertation.

Une semblable analyse des rapports entre convivialité et utilité ou fatigue semble moins justifiée, les notions de rentabilité ou d'efficacité affectives nous paraissant assez peu pertinentes. Par contre, la procédure statistique de caractérisation par les modalités nous permet de mieux cerner les relations entre ces trois qualités 301 .

Les deux logiques qui organisent principalement l'ensemble de ces réponses sont, comme on pouvait s'y attendre, la logique qui consiste à attribuer toutes les qualités (ou aucune) à un type de réunion, et celle qui associe à toutes les formes de réunion la même qualité : par exemple, les enseignants qui déclarent trouver les réunions institutionnelles très fatigantes, les trouvent également très inutiles et pas du tout conviviales. Et ceux qui pensent qu'elles sont très utiles qualifient majoritairement de « très utile » les réunions de synthèse ou les autres réunions pluridisciplinaires. Seules deux relations transversales associent statistiquement une qualité d'une réunion à une autre qualité d'une autre réunion : quand les réunions institutionnelles sont considérées comme « pas fatigantes », les réunions pédagogiques sont appréciées pour leur convivialité ; les réunions d’analyse de la pratique sont jugées d'autant plus utiles que les réunions pluridisciplinaires sont vécues comme fatigantes. Se dessinent là, timidement certes, de premières relations qui permettent de penser que les enseignants sont capables de mobiliser les différentes ressources collectives de l'établissement selon des configurations cohérentes et tournées vers l'action : nous y voyons un étayage de notre première hypothèse, selon laquelle les enseignants investissent avec intérêt diverses formes de rencontres interprofessionnelles afin de surmonter leurs difficultés professionnelles, qu’il reste à confirmer.

Notes
298.

MARTY (Emilia M-O), op. cit, p. 42

299.

Les effectifs de référence varient de 201 (96% du total de l'échantillon) pour l'utilité des synthèses, à 69 (33%) pour la convivialité des réunions d'analyse de la pratique.

300.

On lira ainsi ces données : les rencontres spontanées sont considérées approximativement comme 5 fois plus efficaces les que les réunions pédagogiques, elles-mêmes 2.5 fois plus efficaces que les synthèses, etc.

301.

voir annexe n°2-17