1.2. Quelle compétence ?

"Le concept de compétence, note Guy Le Boterf, est un attracteur étrange : la difficulté à le définir croît avec le besoin de l'utiliser…" ³²⁶ ; "auberge espagnole " ³²⁷ ou "Joker (que l'on utilise) pour désigner des objets d'enseignement ou d'apprentissage, dans une perspective que l'on veut résolument rénovée" ³²⁸ , lui répondent Philippe Perrenoud et Daniel Bain. Entre, d’un côté, le champ de la gestion des ressources humaines dans les entreprises industrielles, où, dit-on, une logique des compétences des agents aurait supplanté l'ancienne attention aux postes de travail, et, de l’autre, l'univers scolaire, où ce terme de compétence rend compte à la fois de ce que les élèves mettent en œuvre et de ce que les enseignants savent faire, en passant par cette anthropologie des compétences que le sociologue Boltanski se propose d'élaborer, parle-t-on du même objet ? Notre souci est de chercher à en isoler quelques points communs, ou à en repérer les plus nettes dissemblances, dans un souci affirmé de transversalité. En effet, nous voulons croire, avant d'attester éventuellement d'une compétence à l'accord interprofessionnel des enseignants en EME, qu'il est possible de faire de la notion même de compétence l'objet d'un accord (modeste arrangement ou habile compromis) entre sociologues, dirigeants d'entreprise ou chercheurs en Sciences de l’Education. C’est pourquoi nous proposons d’articuler à la notion de compétence, développée par Luc Boltanski, des éléments que Guy Le Boterf présente comme caractéristiques de la compétence professionnelle, et les perspectives ouvertes par les recherches de Philippe Perrenoud, Marguerite Altet ou Pierre Gillet.