2.3. Une logique de la communication interprofessionnelle

Les enseignants investissent les différentes ressources selon des procédures complexes. Nous en avons successivement mis à jour trois dimensions qui permettent de mieux saisir la logique de mobilisation.

Nous pouvons présenter sous forme d’un schéma très simplifié les enchevêtrements de ces trois dimensions :

Tableau n° 4-21 Mobiliser des ressources, opérer des traductions Proposition de synthèse
Tableau n° 4-21 Mobiliser des ressources, opérer des traductions Proposition de synthèse

Nous pouvons constater la complémentarité des dispositifs et la diversité des procédures. Certains enseignants, souvent des professeurs, choisissent de privilégier les ressources scolaires avant d’investir réunions cliniques et coordinations. D’autres, plutôt des éducateurs, préfèrent rencontrer leurs collègues d’autres secteurs, afin d’anticiper les synthèses. Quelques uns profitent de la collaboration quotidienne avec un éducateur pour court-circuiter les autres instances de coopération. Enfin, des enseignants, par incapacité ou découragement, restent en retrait de tous ces dispositifs.

Mais quelle que soit leur manière d’agir avec leurs collègues, tous savent identifier leurs difficultés en articulant en une représentation complexe des éléments caractéristiques de plusieurs mondes. La plupart même développent une stratégie, entre réunions et rencontres de différents types, afin de mobiliser successivement les objets de chaque système de référence. Nous notons à ce propos le rôle irremplaçable que tiennent les contacts interprofessionnels spontanés. La proximité des psychologues, la facilité d’accès des directeurs, la richesse fréquente des équipes paramédicales permettent aux enseignants de trouver des interlocuteurs capables d’enrichir leurs conceptions de leur propre fonction, et d’imaginer plus facilement des situations qui se tiennent.

Car ce qui s’avère important n’est pas d’accumuler au cours des concertations le plus possible d’informations dans des configurations de plus en plus complexes, ni de multiplier les espaces de respiration et de réassurance, mais de rassembler les ressources pour s’entendre sur des représentations de situations crédibles pour tous, afin d’orienter les nouvelles pratiques, individuelles ou collectives. Ce sont ces procédures de construction des accords interprofessionnels qu’il nous reste à dévoiler.