L’accord n’est nulle part donné comme une évidence. Il résulte forcément de la rencontre d’une volonté personnelle et d’un environnement collectif favorable. Laszlo, Ahmed ou Xavier montrent comment des stratégies individuelles d’évitement du travail interprofessionnel sont rendues possibles par des organisations compliquées et sclérosées. Gautier, Christiane et Carla disent combien l’institution résiste aux demandes de rencontre et d’accord des acteurs.
Dans tous les cas, les enseignants témoignent de leur expérience dans les instances collectives d’un retrait hors de mondes. Tous mobilisent, dans la formulation de leur énoncé-problème, des éléments de plusieurs mondes. Tous, à l’exception de Xavier, tentent de construire des dispositifs d’adaptation complexes. Aucun ne parvient à importer dans l’espace interprofessionnel ces récits de situation.
La plupart s’épuisent dans des considérations organisationnelles où il n’est plus question d’élèves, ni d’activités, ni de relation, mais juste de rapports entre adultes et de normes de fonctionnement. Certains investissent cependant de nouveaux champs sémantiques, usant fréquemment de comparaisons et de métaphores : enfants et pratiques d’enseignement sont présents dans ce nouveau monde 447 , sous forme d’unités de charge qu’il faut répartir. L’égalité arithmétique prévaut alors à toute autre forme d’équité.
Le modèle commun de relativisation que l’on pourrait extraire de ces six entretiens n’est donc pas seulement constitué de procédures de retrait hors des mondes communs. Nous devons également considérer cette tendance morbide à constituer un nouveau monde. A l’écart des affects, chacun se satisfait alors du contact de l’autre, vide de sens.
Nous nous sommes demandé si ne se révélait pas ainsi un avatar du monde de la Normalisation Scolaire, que nous avons présenté comme très inspiré de la Cité Industrielle. Certes, la référence à des modèles de gestion d’entrepirse de production inspire nettement les discours de la NS : ingenierie des ressources didactiques, typologies des profils scolaires... Mais justement jamais à notre connaissance le discours pédagogique ne s’est risqué à des considérations comptables, pour justifier par exemple tel ou tel abord méthodologique.