3.2.2. Mylène ou la mise en mouvement

Il y a du Laszlo en Mylène. L’éducateur prend des notes et y épingle ses collègues. L’institutrice, avec les enseignants du « module 1 », rédige ses arguments avant les réunions. L’un comme l’autre se sentent menacés en réunion, et incompris.

Confrontée quotidiennement à l’attitude insolente de deux élèves, Mylène a le sentiment que personne, à l’extérieur de l’école, ne la comprend. Au plus fort de la crise, elle propose au directeur un arrangement radical :

Le responsable temporise et promet d’aborder la question lors d’une prochaine réunion. A cette occasion, Mylène modifie sa proposition :

Dans ces deux séquences, Mylène propose un arrangement en avançant des arguments relatifs à la viabilité des groupes-classes, que l’on peut attribuer au monde de la Rupture Communautaire. Le directeur répond en rappelant l’usage réglementaire, sans mobiliser d’autres éléments. Aussi, la discussion en synthèse prend la forme d’une clarification dans ce seul monde. Il est question (99-112) de savants dispositifs combinant « exclusions séparées », « systèmes de stages », « changement d’atelier », etc.

Par ailleurs, Mylène investit le groupe d’enseignants comme un espace de ressourcement, où elle peut profiter de moments de clarification, dans d’autres mondes.

Ces deux instances de concertation, disjointes, ne permettent pas à l’institutrice d’investir une stratégie qui permettraient d’articuler ces deux mondes vers la recherche de compromis. Au contraire, la complicité au sein du module conduit les enseignants à s’opposer au directeur et à dénoncer ce qu’ils considèrent comme un arrangement, hors de toute référence à des mondes partagés :

Cet épisode montre que des procédures de clarification ne garantissent pas la construction progressive d’un accord. Mais dans ce cas, elles permettent à Mylène de surseoir à ses demandes d’arrangements expéditifs. L’enseignante ne se souvient pas avec satisfaction de cette expérience, mais depuis elle nourrit le projet de possibles clarifications, entre deux mondes, rêve d’une communication totale et d’un utopique compromis :