3.4.3. Gaspard, de justesse

Coopérant chaque jour en classe avec une éducatrice, Gaspard commence son récit là où certains le terminent. D’emblée, son projet prend la forme d’un compromis :

« On va essayer », dit l’instituteur. Il sait qu’une fois l’accord conclu, peut commencer l’essentiel: tenir la route. Ce n’est pas facile, même pour un enseignant expérimenté. Entre deux clarifications, les deux partenaires se sentent gagnés par le découragement. Prêts à se retirer du jeu, c’est-à-dire à la fois se retirer des mondes dans un discours de relativisation, et mettre un terme à leur accompagnement de l’élève, ils hésitent. Gaspard dit alors avec émotion son étonnement de constater, à ce moment, les multiples progrès de la jeune fille, tous mondes confondus (635-646). L’accord, même le meilleur, ne peut rien sans la participation des élèves.

Relatant le travail avec un autre élève, Gaspard évoque une dernière forme d’accord. l’essentiel n’y est pas d’articuler des mondes en justice, mais de construire un univers de justesse :

On ne peut pas dire que Gaspard s’attache à définir une situation, peuplée d’objets des différents mondes. Sans doute, cet accord ressemble plus à une clarification dans le monde Praxis et Relation qu’à un authentique compromis. Cette séquence est remarquable grâce à l’articulation des ressources que l’instituteur mobilise :

• la ressource primordiale de son exercice professionnel, sa collaboratrice Nelly
• une ressource privilégiée du dispositif institutionnel, la réunion clinique
• une de ses ressources personnelles principales, peut-on supposer : son épouse

Grâce à cette richesse, l’enseignant rompt avec une compréhension des situations par référence à des mondes communs aux principes supérieurs partagés. Il accède à une intuition des pratiques, reposant, prétend-il, sur une sagesse universelle :