4.2.5. L’image de soi

La dimension de l’image de soi considère les différents éléments qui permettent aux enseignants d’agir professionnellement en montrant de la confiance. Confiance dans leurs connaissances, dans leurs savoir-faire et dans leur expérience. Mais aussi, confiance en leur résistance psychologique ou en leur stabilité affective ou dans leur compétence à surmonter leurs émotions.

C’est sans doute dans cette dimension que Xavier est le plus démuni. La violence qui sourd de ses propos (bien que nous ne soyons pas dupe de la part de provocation qu’ils contiennent) témoigne de sa fragilité. Invoquer comme il le fait constamment sa spontanéité instinctive revient à reconnaître implicitement sa difficulté à intégrer ses émotions à son expérience professionnelle. Et les regrets qu’il exprime de ne pas avoir été entendu, ou la conviction dont il fait preuve pour dénoncer des arrangements avec les familles, laissent penser qu’il souhaiterait pouvoir s’appuyer sur des dispositifs fiables de réunion ou de rencontre.

Tableau n°4- 30 Image de soi Débutants et experts
  Débutant Expert
  Incertitudes Confiance en soi, aisance, connaît les points forts et les limites de sa compétence

SAVOIR MOBILISER
Gautier hors des mondes : à plusieurs reprises, Gautier dit combien l’échec de son élève le culpabilise et quelles sont ses réticences à solliciter de l’aide. Par ailleurs, peu confiant dans sa propre professionnalité, il attribue aux autres éducateurs la seule connaissance valable du « monde du travail ».
La place de Xavier : l’éducateur avoue ne pas savoir quelle est sa place. Tantôt il réfute toute professionnalité, en se référant à son seul instinct, tantôt il regrette de ne pas être le directeur.
Les redoublements d’Eglantine (2) : certes l’enseignante multiplie les efforts, parfois sans grande efficacité, avons-nous dit. Mais cette dépense d’énergie semble se faire dans la bonne humeur, un peu comme une gymnastique institutionnelle rituelle.
L’institutrice semble sans illusion, mais résolue à accomplir son rôle.

SAVOIR TRADUIRE
Xavier sans objet : au-delà des réactions immédiates aux provocations de l’éducateur, ce qui choque dans les propos de Xavier, c’est l’absence totale d’expérience qu’il semble pouvoir partager avec ses collègues. Il semble totalement étranger au monde commun. Ernest, le chef de camp (2) :
dans la peau du responsable de centre de vacances, Ernest montre une totale aisance dans le monde NS : projets, programmes, évaluations... Il évoque même des chercheurs en sciences de l’Education...

SAVOIR S’ACCORDER
Carla et la double contrainte :
prise dans un système d’injonction paradoxale (« propose seule une solution collective »), l’enseignante se vit comme impuissante, voire manipulée. Peu à peu, elle s’angoisse et s’inhibe.
Elie délié de tout :
ayant soldé tout compte de pédagogue dans le monde NS avec l’orthophoniste ou ses collègues enseignants, Elie se sent libre de passer la main à d’autres, sans rompre tout à fait la relation à son élève.

Il est malaisé, compte tenu de la méthodologie d’enquête développée, d’apprécier, dans la globalité, l’image que les enseignants peuvent avoir d’eux-mêmes. Nous avons dit combien le travail de recherche d’un accord interprofessionnel mobilisait d’énergies et de ressources. En conséquence, on peut s’attendre que, parmi les enseignants interrogés, ceux qui témoignent d’expériences d’élaboration de compromis, ou d’aisance particulière aux opérations de clarification, soient aussi ceux qui peuvent mobiliser une image d’eux-mêmes positive et stable.