4.3.2. Un équipement mental suffisant

Ainsi, nous sommes amené à mentionner des processus psychoaffectifs : passage à l’acte, identification, etc. Nous avons déjà noté la nécessaire confiance en soi ou la souhaitable image de soi positive. La compétence professionnelle à l’accord interprofessionnel ne réside-t-elle pas entièrement dans la capacité relationnelle des enseignants ? Instituteurs ou éducateurs aux personnalités équilibrées se tourneraient alors spontanément vers les procédures d’accord, quand l’échec d’autres concertations indiqueraient la fragilité psychique de certains.

Notre démarche ne permet pas de caractériser psychologiquement les enseignants. Certes, notre expérience de la conduite des entretiens renseigne sur le caractère séducteur, l’apparente sincérité ou l’abord convivial des uns ou des autres. Mais notre propos n’est pas de recenser les différences individuelles. Nous cherchons à établir quels éléments communs constituent une situation propice à l’accord.

Exprimant leur besoin d’être rassurés ou de reprendre confiance en eux, professeurs et éducateurs mentionnent l’importance que revêt pour eux l’existence de moments de respiration. A l’articulation du catégoriel et de l’interprofessionnel, des espaces de ressourcement ou de dépôt permettent aux professionnels de se retrouver dans le registre de la similitude ou l’indifférenciation : tous enseignants parfois dans des dispositifs exclusivement pédagogiques, tous individus rassemblés dans une communauté d’expérience par les différentes formes d’analyse de la pratique ou de réunion clinique. Le plus souvent on ne peut à proprement parler de véritable construction d’accord pendant ces phases de respiration. Parfois, certains, comme Mylène, s’y enkystent et s’écartent ainsi des dynamiques de concertation. Mais pour la plupart, ces espaces constituent des antichambres de l’accord. C’est parce qu’existent, quelque part dans l’organisation institutionnelle, des lieux de retrait ou de dépôt, qu’ailleurs, des enseignants mettent en œuvre une compétence à l’accord.

Ainsi, l’équipement psychoaffectif nécessaire aux situations de construction d’accord se réduit aux capacités à investir ces espaces de respiration :