Les réunions syndicales : un point d’observation privilégié

Les réunions syndicales qui rythment la vie de l’organisation ont constitué ici le principal terrain d’observation : réunions du bureau syndical (n=36) 36 , assemblées générales (n=6) et congrès (n=3) (voir annexe n°4). La durée de ces réunions varie entre une demi-journée (environ 3h), une journée entière, ou encore deux jours. Nous avons aussi assisté à des réunions « spéciales », c’est-à-dire des réunions organisées autour d’un seul thème, se déroulant sur une journée entière et ouvertes à l’ensemble des adhérents (une réunion spéciale « 35h » et une réunion spéciale sur le bilan des élections professionnelles 2000).

Ce choix répond à la fois à des motifs pratiques – une observation rendue plus aisée du fait de la stabilité et de la répétitivité des scènes observées 37 –, mais aussi à des motifs en termes de pertinence par rapport aux questions posées ici – la réunion est un lieu de délibération collective, un lieu où s’élabore la politique de l’organisation, un lieu de participation à la vie de l’organisation.

Du fait de leur plus grande fréquence par rapport aux assemblées générales et congrès, nous avons majoritairement observé des réunions de bureau syndical. La réunion de BS est un événement important de la vie de l’organisation et une scène riche pour l’observateur. Il s’y passe en effet beaucoup de choses : c’est le seul moment où les permanents syndicaux se retrouvent réunis tous ensemble, c’est l’occasion de revenir sur les événements qui se sont déroulés entre deux réunions et d’échanger à leur propos, c’est une aussi une scène sur laquelle les conflits qui traversent l’organisation, qu’ils soient personnels ou collectifs, sont toujours portés à un moment ou à un autre.

Ce qui nous intéressait en premier lieu dans le déroulement des réunions, c’était les moyens employés pour produire de la discussion, de la décision et la participation (formes de la prises de parole, distribution de la parole, etc.). Dans certains cas, le contenu de la discussion nous intéressait aussi, quand celle-ci portait sur le fonctionnement du syndicat principalement, ce qui, on le verra, était fréquent. Nous ne pouvions jamais totalement ignorer le contenu des discussions, en raison du lien entre les formes de la discussion et son contenu. Pour autant, ce n’était pas le contenu qui retenait notre attention en premier lieu.

Le travail d’observation ne s’est toutefois pas limité au cadre strict de la réunion. Les moments avant et après réunions, les pauses déjeuner partagées avec les militants, les moments passés au local syndical pour consulter la documentation militante ou réaliser des entretiens, constituaient autant d’occasion d’observer et de saisir des interactions utiles. Ainsi que le font remarquer Stéphane Beaud et Florence Weber, l’observation, c’est aussi l’ « écoute, indiscrète, des remarques, des conversations » (BEAUD & WEBER 1997).

Notes
36.

Indication du nombre de réunions observées.

37.

Anne-Marie Arborio et Pierre Fournier soulignent ainsi l’intérêt des situations qui ont « une stabilité ou une forme de récurrence », l’observation pouvant dans ce cas « s’approfondir, s’affiner avec le temps, la répétition » (ARBORIO & FOURNIER 1999, p.26), et devenir ainsi plus productive.