Première partie- La démocratie comme projet

La notion d’action collective renvoie à un « agir-ensemble intentionnel » 44 . Cet agir-ensemble se développe autour d’un projet, un construit collectif, donnant un contenu normatif aux intentions et définissant une « orientation d’actes » 45 . A l’origine de Sud-PTT, on trouve un groupe de militants, formés à l’action collective dans l’après-68, à l’école de l’extrême-gauche, mais aussi façonnés par des années de militantisme syndical à la CFDT, notamment pendant sa période radicale et autogestionnaire, par des années d’opposition au sein de la centrale qui opère son « recentrage » à partir de la fin des années 1970. A partir des ressources accumulées au fil de ces expériences militantes, des aspirations et des inquiétudes qui se sont formées au cours de celles-ci, ces militants ont bâti un projet syndical qui se présente d’abord comme un projet de démocratie. Il vise une démocratie de l’autonomie, une démocratie sans domination, intégrant la représentation, nécessaire à l’existence collective du groupe, mais aussi la critique de celle-ci, englobant à la fois les rapports internes à l’organisation et les rapports entre le syndicat et les salariés non syndiqués. L’organisation Sud-PTT donne une existence objective à ce projet. Si elle ressemble par bien des traits aux autres organisations syndicales, elle se distingue par les garanties mises en place afin d’échapper à la « loi d’airain de l’oligarchie » 46 , à la capitalisation du pouvoir entre les mains de quelques-uns, toujours les mêmes.

Notes
44.

NEVEU 2000, p. 10.

45.

REYNAUD 1989, p. 91.

46.

MICHELS 1971.