Les conflits internes : l’impossibilité du consensus

La décision au consensus, surtout dans le cas du consensus créatif, implique de la part des participants au processus une attitude coopérative. Les conflits internes qui existent au sein de l’organisation constituent des entraves aux rapports coopératifs nécessaires à la production d’un consensus. Dans ce cas de figure, le vote peut apparaître comme la solution envisageable pour produire de la décision. Or le syndicat est souvent traversé par des conflits internes, deux principaux pendant la période d’observation, qui dessinent des camps, divisent les militants, rejaillissent à divers moments de la vie syndicale, par exemple lors des réunions, et produisent des confrontations systématiques.

Lors du congrès extraordinaire qui se tient en 2000, une discussion s’engage sur le fait de savoir si il faut indiquer dans le RI que le BS « désigne » les permanents ou qu’il les « accrédite après un vote » (congrès n°1). La discussion se déroule dans un moment de fortes tensions internes et chacune des deux propositions est soutenue par un « camp ». La discussion tourne à la confrontation. Aucune position d’accord ne semblant pouvoir se dégager, un militant intervient et dit : « on peut voter, parce qu’on ne va pas s’en sortir ». Dans ce cas, si le désaccord se cristallise autour de ce point de vocabulaire dont les implications concrètes peuvent sembler faibles, c’est parce qu’il est alimenté par un conflit interne qui le dépasse. D’ailleurs, un adhérent réagit au cours de l’échange en dénonçant le fait que les débats sont « surdéterminés par des choses qui se sont passées avant et que moi et d’autres ne connaissons pas » et qu’il ne s’agit pas simplement alors de voter pour des propositions statutaires, mais de prendre position dans un conflit qui les dépasse largement.

Si les militants étudiés ne rejettent pour la plupart pas la procédure de vote et qu’ils en font effectivement usage, est-ce que pour autant ils l’envisagent comme une procédure démocratique ?