II) Les hypothèses de notre recherche 

Notre principale interrogation porte sur les rapports que l’éthique professionnelle entretient avec l’organisation de la profession de journaliste. Il s’agira de montrer comment des relations sociales d’une certaine nature, et l’éthique susceptible de les orienter et de les régler, s’établissent sur des rapports sociaux qui déterminent en profondeur la profession de journaliste. Il nous faudra donc étudier les effets idéologiques de l’éthique professionnelle et dégager les positions sociales qui font que les différents protagonistes constitutifs de notre corpus deviennent des agents idéologiques de tel ou tel type d’éthique. Globalement nous supposons que l’usage de l’éthique, comme objet du discours, est essentiellement stratégique. Que vise-t-il ? Notre réflexion s’articule en trois points :

‘« rationalité syndicale ’

Le corpus ayant donc été délimité, nous y chercherons, à l’appui de nos hypothèses, tout ce qui peut rendre compte du fonctionnement des différents discours et contribuer à leur compréhension. Notre approche visera à dégager de l’ensemble de notre corpus les objectifs fixés dans les discours et leurs différents modes d’action. Ce premier travail contribuera à éclairer les thématiques et à camper les positions discursives des acteurs (cadre général) à l’égard de notre objet de recherche, l’éthique professionnelle. Notre étude se tournera plus loin sur les structures narratives et, in fine, sur les stratégies adoptées par les différents acteurs. Nous pensons, à l’issue de ce travail, contribuer d’une part, à la compréhension du fonctionnement des discours syndicaux et, d’autre part, à la mise à jour de ce qui est dit lorsqu’on parle d’éthique professionnelle.

Nous appliquerons enfin, aux discours juridiques et aux chartes récoltées, l’analyse de contenu. Notons que l’une des principales motivations à la réalisation d’une charte maison réside dans la volonté ‘« d’éviter les contentieux avec la justice’ » 62 . Cette partie sera aussi l’occasion de réfléchir aux relations ‘« presse-justice’ » et plus largement au rôle que joue ou pourrait jouer la justice en matière de définition d’une éthique professionnelle des journalistes. Nous verrons que le droit reconnaît, pour certaines professions, la déontologie qui les inspire car comme l’explique Joël-Moret Bailly, ‘« les règles déontologiques ne sont pas des règles juridiques mais constituent un « infra-droit » qui peut accéder à la juridicité s’il est sanctionné par la jurisprudence ou la loi’  » 63 .

Notes
62.

C’est là l’un des leitmotivs des employeurs des entreprises d’information.

63.

Moret-Bailly J., op. cit., p 18.