‘« Tout acte de naissance établit une filiation. Il existe un chemin d’accès aux origines, qui permet de retrouver les aïeux fondateurs et de recueillir leurs legs précieux. Plonger dans les profondeurs de l’Histoire, c’est aller retrouver dans le bas social les reliques enfouies du legs des pères’ » explique Anne-Marie Thiesse 207 . Nous tâcherons de repérer, dès la période du XVIIème siècle, l’existence d’un débat éthique (quelles sont les catégories qu’il revêt ?) en nous appuyant sur la réflexion durkheimienne, déjà citée plus haut 208 . Nous postulons que des règles « implicites » sont en jeu, puisqu'on en dénonce sans cesse les transgressions et que celles-ci, autre hypothèse, mettent le plus souvent en jeu des problèmes de frontières. Nous essayerons de catégoriser les interventions au débat portant sur l’éthique de la profession sous trois rubriques :
Thiesse A.M., La création des identités nationales. Europe XVIIIe-XXe siècle., Paris, Seuil, 1999, p 21.
Durkheim E. cité par Bourdon J. : «Ce qui définit l’éthique ce n’est pas un texte ou un code, mais d’abord le fait que lorsque certains actes sont commis, le sociologue peut observer un sentiment de réprobation qui, s’il n’empêche pas nécessairement la reproduction de l’acte, le marque comme non-éthique » op.cit., p 89.
Martin M., «La grande Famille : l’association des journalistes parisiens 1885-1939 », in Revue Historique, n°557, janvier-mars 1986, pp. 151-152.
Ces trois catégories ne sont pas étanches et peuvent, sur certaine période, se chevaucher. Cela dit, nous pensons qu’elles sont des catégories pertinentes de l’évolution du processus de moralisation de la profession.