1) L’exigence de publicité comme nouveau principe éthique

La critique politique du journaliste s’institutionnalise peu à peu et avec elle le journalisme et ses principes professionnels. Aux exigences de vérité, de véracité et d’honnêteté s’ajoutent celles de la publicité, de la transparence, désormais érigées en principe éthique. Cyril Lemieux précise ‘«qu’autant la convenance et l’étiquette, vertus par excellence de la société de cour, étaient dénigrées depuis le nouveau point de vue (comme feinte, dissimulation, hypocrisie) autant l’ordre nouveau qui s’érigeait réclamait, pour sa part, « l’austère franchise » dans les rapports sociaux (…) »’ 256 . La figure du ‘« bon journaliste’ », hissée progressivement durant la période révolutionnaire, est aussi à l’image d’un autre phénomène, celui de l’émancipation du public désormais ‘« apte à entretenir une relation de réelle bilatéralité et de réelle réciprocité avec les journalistes qui l’informent » ’ 257 . Le journalisme est donc obligé de composer avec le public lequel, selon Arlette Farge, ‘« vit –il le sait- entre le vrai et le faux, le possible et l’invérifiable. L’incertitude ressentie provoquée par les manipulations politiques et policières renforce le goût de savoir qui se nourrit de la dispersion contrastée des nouvelles’ » 258 .

Notes
256.

Lemieux C., op. cit., 1992, p 12.

257.

Ibid., p 33.

258.

Farge A., Dire et mal dire l’opinion. L’opinion publique au XVIIIe siècle, Paris, Seuil, Février 1992, p 289.