b) Discours syndical vs discours patronal : une rhétorique de la domination

Les travaux de B.Gardin, exposés dans la revue Langages, portaient essentiellement sur une forme de syndicalisme idéologiquement et politiquement marquée et a permis à l’auteur de mettre en avant un certain nombre de traits linguistiquement pertinents du discours syndical.

B.Gardin note que ‘« le discours syndical en tant que discours non dominant a pour fonction de casser les stéréotypes idéologiques : Les « comme on dit », et d’imposer à la place ses propres propositions et son propre vocabulaire »’ 359 . Son étude comparative (discours patronal vs discours syndical), de certains phénomènes de discours rapportés, a permis de l’attester. Il explique que ‘« d’une manière générale, le discours syndical est « élaboré », puisqu’il lui faut à la fois déconstruire le discours patronal (ou même constituer le vrai discours patronal) et construire ses propres propositions ’ » et de conclure en notant que ‘« le discours syndical pose la problématique de la conquête du discours »’ 360 . Le groupe de Saint-Cloud qui se réclame de l’analyse lexicale, a produit quant à lui un ouvrage intitulé ‘« La parole syndicale – Étude du vocabulaire confédéral des centrales ouvrières françaises de 1971-1976 »’. Le contexte est clairement campé et se restreint à une période donnée. Néanmoins le groupe de travail dégage quelques remarques d’ordre général sur le discours syndical qui nous ont semblé intéressantes. Ainsi, il est spécifié que ‘« le discours syndical s’élabore dans un milieu et à partir de préoccupations qui confèrent une spécificité propre. Sa permanence, son enracinement dans certaines traditions de la « masse parlante », ses rites mêmes ne sont pas insensibles ni aux fluctuations de surface, ni aux évolutions profondes. Ils en reproduisent les traces, peut-être atténuées, sans doute assimilées, à la fois incorporées aux héritages lexicaux et reflétant l’impact des mutations ressenties’ » 361 . Ici est mis en avant, implicitement, la perspective pragmatique de l’analyse du discours, telle que l’entend Dominique Maingueneau 362 , c’est-à-dire l’articulation entre énoncé et contexte. Nous verrons que ce constat est particulièrement applicable aux discours du SNJ, dont l’héritage lexical dépasse le seul cadre discursif du SNJ.

Notes
359.

Gardin B ; op. cit., p 40.

360.

Ibid., pp. 40-41.

361.

Groupe de Saint-Cloud, op. cit., pp.10-11.

362.

Lire à ce propos : Maingueneau D. L’analyse de discours. Introduction aux lectures de l’archive, Paris, Hachette supérieur, 1991.