L’analyse narrative nous fait considérer un texte (ou un ensemble de textes) comme un ‘« récit’ » qui comporte un ‘« parcours narratif’ » dont il s’agit de dégager les structures sous-jacentes. L’étude qui suit s’est inspirée des modèles actantiels d’A. Greimas 363 qui pose comme unités de mesure, non plus les mots, mais des unités construites que sont les actants. Les actants de Greimas sont pluriels : le sujet de l’action, l’objet de valeur dont on cherche l’obtention, le destinateur au nom duquel l’action s’accomplit, le destinataire, sujet à qui s’adresse l’énoncé ou l’action.
A.-J. Greimas fait se succéder quatre phases constitutives du schéma narratif :
Toute narration se présenterait sous la forme élémentaire suivante :
| Attribution des compétences | Accomplissement des performances | Sanction |
| Vouloir faire +devoir faire (modalités virutalisantes) Savoir faire + pouvoir faire (modalités actualisantes) = instauration du sujet |
/Être/ /Faire/ = réalisation du sujet (modalités réalisantes) |
Pragmatique : jugement sur la réussite de la performance qui aboutit à la rétribution (récompense ou punition) Cognitive : jugement sur la véracité de l’accomplissement de la performance |
Outre notre volonté de retrouver les schémas narratifs 366 qui sous-tendent les discours des syndicats de journalistes, notre objectif est aussi d’esquisser une sémiotique de l’action syndicale dont l’écheveau reste à démêler. A de rares exceptions près, s’il existe aujourd’hui une sémiotique du discours littéraire, poétique, religieux, scientifique, didactique, politique une sémiotique visuelle, musicale, du vivant, du geste, de l’espace, on ne dispose pas de sémiotique du discours syndical. La spécificité de notre travail est de confronter, au sein même de cette sémiotique de l’action syndicale, les catégories du ‘« pouvoir’ » et celles du ‘« devoir’ » car l’une et l’autre de ces catégories sont des modalités, dans une acception sémiotique, susceptibles de définir la position respective des fonctions des acteurs d’un récit quelconque, ici les syndicats de journalistes et les organisations patronales. Nous ne délaisserons par pour autant les autres modalités que sont celles du savoir et du vouloir.
S’agissant de notre corpus, nous nous trouvons en présence de plusieurs sujets collectifs (syndicats de journalistes ; organisations patronales ; les journalistes) qui s’interdéfinissent par la convergence consensuelle ou par la divergence conflictuelle des vouloirs, pouvoirs, devoirs et savoirs et donc par l’identité ou la différence des valeurs postulées. Mais avant d’en arriver à l’analyse des modalités, nous dégagerons les structures narratives constitutives des discours des différents syndicats de journalistes.
Greimas A. J., Du sens II. Essais sémiotiques, Paris, Seuil, 1983, pp.49-51. Pour appréhender l’univers de la sémiotique, lire Hénault A., L’histoire de la sémiotique, Paris, PUF, juillet 1992. Pour s’enquérir des outils conceptuels de la sémiotique greimasienne lire : Greimas A.J. et Courtès J., Sémiotique. Dictionnaire raisonné de la théorie du langage, Paris, Hachette Université, 1979.
Courtès J., Analyse sémiotique du discours. De l’énoncé à l’énonciation, Paris, Hachette supérieur, 1991, p 102.
Ibid., pp.113-114.
Les schémas narratifs des syndicats de journalistes seront donnés dans ce travail, partiellement, à l’appui de quelques extraits.