IV) Le SGJ-FO : « Uni pour résister »

1) Faire face aux offensives patronales

Le syndicat général des journalistes Force Ouvrière, qui représente une frange minoritaire de la profession, est le plus ancien des trois syndicats FO de journalistes, aux côtés du Syndicat des journalistes et du syndicat de l’audiovisuel. Ces trois syndicats, réunis lors du dernier scrutin triennal de la commission de la carte d’identité des journalistes professionnels (CCIJP), n’ont pas obtenu d’élus en 2000. Ce qui fut d’ailleurs le cas lors des scrutins précédents. Si cette situation fragilise quelque peu le SGJ-FO, elle n’entame en rien ses revendications et sa mobilisation autour de l’évolution des pratiques journalistiques. Pour les journalistes, comme pour les organisations d’employeurs, il reste un interlocuteur avec lequel il faut compter. Fidèle à la tradition de la CGT Force Ouvrière, le SGJ-FO assume un syndicalisme de pure contestation et d’opposition systématique à tout ce qui toucherait, de près comme de loin, les acquis, pas seulement sociaux, de la profession. Quelles que soient les circonstances, le SGJ-FO se veut de tous les combats et n’hésite pas à faire entendre sa voix, à résister aux pressions économique et politique et à ‘« faire face aux offensives patronales sur les fronts les plus divers : Menaces sur l’emploi, les qualifications, les salaires, la protection sociale, etc. ’» 467 . Ses militants concèdent volontiers qu’ils ‘« manquent de souplesse’  » mais c’est pour mieux rappeler ‘« qu’ils ne sont pas faits pour être manipulés ’» 468 . Ce manque de souplesse se traduit, sur le terrain des revendications, par un refus quasi permanent de la recherche d’un compromis et par la pratique très courante de l’injonction. En témoigne le titre de l’éditorial de La Morasse, datée de septembre-octobre 2000, ‘« Augmentation immédiate des salaires ! »’ Ou encore celui de l’automne 1997 ‘« Rendez-nous nos 30 %’ ». Le SGJ-FO exige plus qu’il ne transige et impose ses revendications, au premier rang desquelles la revendication salariale, au nom ‘« des intérêts particuliers des salariés’ » 469 . Et c’est là un point qui le différencie des autres syndicats de journalistes qui travaillent pour l’intérêt collectif et non l’intérêt particulier. En effet, pour eux, ce qui est bon pour la profession, l’est aussi pour le journaliste. Le SGJ-FO, quant à lui, ne l’entend pas ainsi et explique que ‘« défendre la profession, c’est renforcer le syndicalisme libre et indépendant, c’est-à-dire le syndicat qui, en toutes circonstances, se détermine exclusivement en fonction des revendications et des intérêts particuliers de ses mandants et non d’un prétendu « intérêt général », qui n’est en fait que la traduction des volontés patronales ou gouvernementales »’ 470 . Est-ce à dire que le SGJ-FO limite son action à ses seuls mandants ou bien que, le seul fait de viser l’intérêt général serait déjà le signe d’un compromis ? La question mérite d’être posée tant les contours de l’action syndicale des journalistes FO sont flous.

Notes
467.

La Morasse, n°844, 1993.

468.

La Morasse, n°836, avril mai juin 1991.

469.

La Morasse, n°851, 1996.

470.

Idem.