Conclusion relative aux discours syndicaux : « vers un repli de l’identité syndicale »

a) La structure polémique des discours syndicaux

Nous avions pris la précaution, au début de notre analyse, de rappeler qu’il s’agissait de discours syndicaux dont quelques-uns uns des mécanismes formels, traduisibles en termes sémiotiques, ont déjà fait l’objet d’analyses. Notre étude converge, en de nombreux points, avec ces analyses notamment sur la structure polémique des discours syndicaux –nous parlions alors de confrontation – reconnaissable aux deux niveaux des destinateurs et destinataires.

Au plan des destinateurs, la confrontation oppose un destinateur, le syndicat, l’organisation syndicale, les militants, à un anti-destinateur qui sera souvent, voire toujours, représenté par ‘« les organisations patronales, le patron, le patronat ou le capitalisme’ ». Nous avons mis en exergue l’axiologie (ou système de valeurs) sous jacente à ce rapport conflictuel selon les différentes positions adoptées par les syndicats.

Certaines sont irréductibles et font rejoindre l’ensemble des syndicats de journalistes : capital vs travail, responsabilité vs rentabilité, précarité vs profit, dépendance vs indépendance, défense de la profession vs défense de l’entreprise. Ces catégories de valeurs ne sont pas propres aux discours des syndicats de journalistes car elles sont aisément transposables à d’autres secteurs d’activités où s’opposeraient patronat et syndicat. Elles constituent ce que l’on pourrait appeler ‘« la lutte des classes »’ dès lors qu’elle souligne la persistance de clivages sociaux traditionnels et qu’elle se donne pour objectif déterminé l’émancipation totale de l’homme de toute exploitation ou domination.