a) « On » renvoie à un non-clivage social

Dans cette perspective, le ‘« On’ » subsume les deux protagonistes, éditeurs et journalistes :

  • - ‘« Moi, je vous dis « on a des démarches parallèles parce qu’il y a des environnements parallèles. En disant cela, j’ai parfaitement conscience du fait qu’on nie, en reconnaissant l’incidence de ces environnements, on nie la démarche déontologique qui devrait s’en abstraire »’. (On = éditeurs + journalistes ; FNPF)
  • ‘« Quelque chose qui est unanime : on ne veut pas d’un ordre de la presse’ ». (On = éditeurs + journalistes = la profession ; FFAP)
  • ‘« Si maintenant, on est conscient, de part et d’autre, de ce qu’est le métier d’informer, de sa difficulté, et ça vaut pour le patron aussi bien que pour le journaliste, on a intérêt à mon avis à travailler le sujet ensemble’ » (On = éditeurs+ journalistes ; AESPA)
  • ‘« Si on part sur ces bases là « tous pourris d’un côté, tous vendus de l’autre », on ne s’en sortira pas’ » (On = éditeurs +journalistes ; AESPA)
  • ‘« On verra si l’on peut se mettre d’accord sur des textes communs mais encore une fois, les entreprises et les salariés de l’entreprise ne se mettront pas nécessairement d’accord sur un texte commun’ ». (On = éditeurs +journalistes ; FFAP)
  • ‘« Les entreprises de presse, dans leur immense majorité, les syndicats de journalistes, sont absolument sur la même longueur d’ondes. On dit la même chose au même moment. On fait des communiqués, on pourrait se les échanger’ » (On= éditeurs + journalistes ; FFAP)
  • ‘« Donc est-ce que nous, rédacteurs en chefs, nous, journalistes, nous ne devons pas avoir un discours sur le respect de la liberté de la presse, de la déontologie de notre métier. Donc là, on est complètement dans le vif du sujet’ » (On= rédacteurs en chefs +journalistes ; SPQR)

Ici, l’emploi du ‘« On’ » témoigne de la volonté des locuteurs patronaux de conserver la cohérence de l’idéologie patronale de la communauté d’intérêts et du non-clivage social. Les valeurs sémantiques telles que ‘« travailler le sujet ensemble ’», ‘« être sur la même longueur d’ondes’ » ou encore ‘« quelque chose qui est unanime’ » sont aussi là pour l’attester. Cet emploi du ‘« On’ » permet de ne pas faire apparaître l’existence de deux camps aux intérêts divergents, mais bien plutôt de dresser une constatation et d’évoquer les voies d’une éventuelle coopération. La neutralisation du système d’opposition qui s’opère dans les discours patronaux révèle donc que la stratégie patronale ne vise pas la polémique, mais, au contraire, via un processus d’intégration des journalistes dans ‘« On’ », à construire un groupe dont la quête serait commune, certes, mais surtout soumise à conditions : ‘« on verra si l’on peut ; si maintenant ; si on part »’ (souligné par nous)