3) Charte et culture d’entreprise

A l’instar du directeur du SPQR, Jacques Morandat met en correspondance directe charte et culture d’entreprise : ‘« les chartes d’entreprise correspondent à une culture d’entreprise. En même temps à un corpus déontologique mais à une culture d’entreprise’ ». Or, la culture d’entreprise repose sur des valeurs censées être partagées par les différents acteurs de l’entreprise de presse lesquels acquièrent une identité propre au journal. Dès lors distinguer l’engagement de l’entreprise, via une charte, à l’égard de ses clients de celui des salariés, c’est nier l’implication des salariés dans la bonne marche de l’entreprise. Notons aussi que les propos de notre interlocuteur relèguent la dimension déontologique des chartes d’entreprise au statut d’accessoire (il s’agit avant tout de la culture d’entreprise), et la place des salariés à celui d’exécutants n’ayant aucun engagement direct ou indirect avec ‘« les clients’ ».

Jacques Morandat s’est trouvé quelque peu déstabilisé lorsque nous lui avons posé la question de savoir, implicitement, si la charte de la FFAP avait été élaborée en collaboration avec les journalistes :

Nous avons, à notre tour, été surpris par la teneur de sa réponse. Arguer que la Charte de la FFAP est une charte, alors même que la question ne portait pas sur le sujet, parce qu’elle a été rédigée par les agences de presse qui l’appliquent, est à l’évidence une réponse tautologique. Nous poursuivons dans notre logique en lui soumettant celle du SNJ, qui aurait pu servir sinon de référence du moins de base à la réalisation de la charte de la FFAP. Certes, elle ne ‘« leur suffisait pas’ » mais manifestement le problème est ailleurs. Jacques Morandat explique, dans un subtil préalable, qu’il ne la connaît pas par cœur. Son raisonnement s’épaissit et le conduit à l’erreur : ‘« Vous savez La Charte du SNJ, elle a été revue en, heu, 47 ’» et nous de corriger « en 38 ». Notre interlocuteur poursuit ‘« 38, bon, elle a eu des essais de révisions qui pourraient être appliqués. Et les essais sont intéressants de temps en temps’ ». Certes ces propos corroborent la volonté qu’il a exprimée de ‘« revoir les textes’ » sur la base d’un constat : ‘« y’a par-ci, par-là, des trucs qui ne vont pas, plus parce que ce sont des textes anciens qui n’ont pas été revus ou réactualisés’  ». Mais qu’en est-il de la charte de la FFAP à laquelle nous faisions, cette fois-ci, explicitement référence ? Le doute n’est pas permis puisque Jacques Morandat le dit lui-même : ‘« Ce n’était pas un texte circonstanciel, c’était un texte pour l’avenir, pour semer. Il n’a jamais été revu, tout le monde dit qu’il faut le revoir, quand on le relit, on se dit y’a pas grand chose à retoucher’ ». Nous persistons et l’interrogeons sur la Charte de Munich. Sa réponse est laconique ‘« très proche, très proche’ » et d’ajouter ‘« Encore une fois, parce que je survole plus que je n’analyse, mais j’y vois plein de choses en commun et des petites différences’ ».