1) Approche quantitative : le taux de modalisation des discours

Avant d’aborder notre réflexion sur la compétence des acteurs, nous avons souhaité rendre compte, du point de vue quantitatif, de l’emploi des modalités dans les différents discours ⁶⁰¹ .

Le tableau qui suit résume la situation :

Syndicats de journalistes	Nombre total de phrases	Nombre total de modalisateurs	taux de modalisation
SJ-FO	223	44	19.73
SNJ	307	53	17.26
SNJ-CGT	249	44	17.67
USJ-CFDT	151	35	23.17
TOTAL	930	176	18.92
fédérations patronales
FFAP	282	38	13.47
FNPF	272	39	14.33
SPQR	162	32	19.75
AESPA	203	53	26.10
TOTAL	919	162	17.62

Selon Algirdas Greimas, ‘« le faire sémiotique consiste essentiellement dans le jeu d’acquisitions et de déperditions, de substitutions et d’échanges de valeurs, modales ou idéologiques »’ ⁶⁰² . Le recours de l’acteur, quel qu’il soit, aux modalités, est en effet particulièrement révélateur de ses attitudes profondes. Il détermine l’ordre d’importance des modalités de l’action et est étroitement lié à l’idéologie dominante manifestée notamment par les indicateurs de modalités. Un pouvoir-faire n’implique pas de la même façon les acteurs mobilisés derrière un devoir-faire. Notre tableau révèle la propension plus importante des syndicats de journalistes à la manipulation par le discours, c’est-à-dire à enjoindre les journalistes, entre autres et en tant que sujet opérateur, à faire ou ne pas faire selon un devoir, un pouvoir, un savoir ou un vouloir. Elle culmine au sein de l’USJ-CFDT qui totalise un taux de modalisation de 23.17 % soit quasiment quatre points au-dessus de la moyenne de l’ensemble des discours syndicaux. Quant aux discours patronaux, qui se veulent moins directifs, ils ne rassemblent que 17.62 % de taux de modalisation derrière eux. Qu’est-ce à dire ?