1) L’inventaire des chartes des médias français par Louis Guéry

La recension des codes et chartes avait déjà été réalisée, en 1991, sous la direction de Louis Guéry, ancien directeur du CPJ à Paris et auteur de nombreux ouvrages parmi lesquels ‘« Les droits et les devoirs du journaliste : textes essentiels »’. Les résultats de l’enquête, publiés dans les cahiers du journalisme de Lille, en 1996, et intitulée ‘« recension des codes et des chartes’ » témoignent, sans que l’auteur le mentionne réellement, d’une très grande dispersion dans l’élaboration de chartes et autres codes de déontologie. Voici la présentation, tel que l’auteur l’a établie, de cette investigation : ‘« J’ai adressé aux directions de tous les grands médias, c’est-à-dire aux agences, aux radios, aux télévisions, à tous les quotidiens et à tous les grands périodiques, un courrier leur demandant s’ils avaient adopté une charte. Si oui, depuis quand et comment ? Et dans ce cas de bien vouloir me la communiquer’  » ⁶⁶⁴ . Voici un tableau récapitulatif de cette recension, telle qu’elle a été présentée par Louis Guéry :

A l’issue de cet inventaire des chartes collectées, Louis Guéry dressait deux principaux constats : ‘« Certaines entreprises de presse pratiquent le mélange des genres, c’est-à-dire qu’il faut chercher l’affirmation de principes éthiques au milieu de précisions concernant la force du corps du titre de l’éditorial (…) En second lieu, il semble que peu de chartes aient été élaborées, discutées et décidées démocratiquement et collectivement, c’est-à-dire direction, encadrement et journalistes travaillant ensemble à leur élaboration’ » et de questionner ‘« Peut-on dans ces conditions, parler de « charte d’entreprise », émanant d’une collectivité et engageant celle-ci ? ’» ⁶⁶⁵ . L’auteur conclut en soulignant ‘« qu’il resterait évidemment à examiner si l’adoption d’une charte par une entreprise s’est traduite par une amélioration, par une avancée de la morale professionnelle ou si cela fourni un moyen de se justifier à l’avance de bavures éventuelles et de se donner bonne conscience : « comment pouvez-vous nous accuser ? Voyez notre charte ! ’ »». Et d’ajouter ‘« ces questions de même que la définition de ce que l’on peut qualifier de charte, pourraient fournir des thèmes de recherche’ » ⁶⁶⁶ .