Enfin, pour achever notre chapitre des anecdotes, nous voudrions mettre en exergue un point qui mériterait sans doute des investigations plus approfondies. Nous nous sommes volontiers prêté au jeu des critiques qui, quant à elles, étaient relativement explicites. Outre ‘« le sentiment de passer un bac de Philo »’ et, crescendo, ‘« de subir une colle de l’ENA’ » 686 , sentiments qui en disent déjà long sur la manière dont a pu être appréhendée notre enquête, une seconde critique est venue émailler notre travail de recherche. Celle-ci émane de Jean-Pierre Bonis, directeur de La République de Seine-et-Marne qui, après avoir eu la gentillesse de répondre à nos questions, précise : ‘« Je me permets un conseil, ayant déjà eu dans le passé des contacts avec une étudiante de votre université : prenez garde au langage universitaire dans vos relations avec les professionnels. Des expressions comme « la construction discursive de l’espace professionnel des journalistes » les font littéralement hurler de rire ! La conséquence est que nous ne prenons pas toujours les universitaires au sérieux…’» 687 . Rappelons-nous, à cette occasion, les propos de Pierre Bourdieu qui écrivait dans les cahiers du journalisme de Lille : ‘« Avant d’entrer dans la recherche des principes pratiques d’action, je voudrais faire quelques rappels théoriques qui me semblent nécessaires pour essayer au moins de convaincre que l’on peut parler du journalisme dans un langage qui ne soit pas celui de la critique ou du procès. Les journalistes sont très susceptibles et supportent mal l’analyse (particulièrement mal même, sans doute parce qu’il s’agit d’un milieu à la fois, puissant et fragile, faible et menacé) »’ et de nuancer ‘« il n’y pas de milieu qui aime à être objectivé’ » 688 .
Réponses respectives de Marcel Quiviger (Télégramme de Brest) et d’Alain Hiest (Le Progrès), voir annnexe.
Bonis J.P, correspondance électronique datée du 20 juillet 2000, voir annexe.
Bourdieu P., op. cit., 1996, p 13. Pierre Bourdieu s’est rattrapé, depuis 1996, avec son ouvrage « Sur l’emprise de la télévision. Suivi du journalisme » dans lequel les critiques concernant le champ journalistique ne manquent pas.