2) La ou les fonction(s) de la Charte au sein de la rédaction

La ou les fonctions que lui assignent les directions de la rédaction rendent compte du pragmatisme, voire de l’utilitarisme, dont font preuve ses initiateurs. Les chartes maisons sont utilisées à dessein et sont très souvent liées au souci d’éviter des procès. Elles sont aussi considérées comme des outils au service de la gestion des ressources humaines voire au service de la promotion de l’entreprise de presse qui l’abrite. A la question : ‘« Quelle est, selon vous, sa fonction exacte au sein du titre ?’ », la plupart des titres mentionne l’harmonisation de la rédaction, la fédération de l’ensemble des journalistes derrière des valeurs communes et le souci d’éviter des conflits externes tels que les procès pour diffamation. Parmi eux, certains précisent leur choix :

• A nos yeux, la Charte a pour vocation de prémunir le journal contre toute dérive préjudiciable au respect de son identité et de son indépendance. En cas de conflit, il nous est possible d’invoquer un texte de référence, explicitement approuvé par la direction. Au-delà de cet aspect garde fou, le document doit jouer un rôle fédérateur, puisqu’il vise à affirmer des valeurs communes, dans laquelle tous les membres de la rédaction se reconnaissent. L’Express
• Harmoniser la rédaction, fédérer l’ensemble des journalistes et donner un fil rouge au travail des journalistes. Arte-info
• Offrir une référence à la rédaction, la responsabiliser. Le Courrier Picard
• Faire partager un même système de références, mieux intégrer les journalistes venus de l’extérieur, identifier le titre à nos interlocuteurs. La Nouvelle République
• A partir de l’identité, des valeurs du titre, de sa tradition éditoriale, fixer des repères éthiques et déontologiques adaptés à l’exercice de la profession et au monde actuel. Sud Ouest
• Dans l’ordre : fédérer l’ensemble des journalistes, éviter les conflits internes et externes et harmoniser la rédaction. La République du Centre
• A ce poste, mon souci est d’harmoniser le fonctionnement déontologique de la rédaction, d’éviter tout dérapage, d’expliquer, à tous, les pièges à éviter et de mettre en garde contre les pressions extérieures. Le Progrès
• Recentrer la rédaction sur ses missions. Arbitre et référence en cas de litige ou de conflit. Le Courrier Picard
• Elle permet de dire « noir sur blanc » l’identité du journal La Croix, journal catholique, journal d’information, journal de conviction, journal de dialogue. Son attention à la dignité de l’homme, aux valeurs de l’évangile, etc. et les exigences professionnelles qui en découlent. Elle précise le rôle du quotidien dans le groupe de presse auquel il appartient par rapport à la société, par rapport à l’église catholique. C’est un texte de référence, que chaque nouvel embauché doit lire et signer. La Croix
• Garantir notre cohérence dans la couverture des affaires les plus courantes. (Lettre de la rédaction, n°18, 1990). Rappeler les éléments de base de ce que doit être notre approche professionnelle du fait divers. Cohérence éditoriale entre le traitement du fait divers et la ligne générale du journal. La cohérence éditoriale entre les 40 éditions pour assurer à nos lecteurs-citoyens justiciables une équité de traitement. Une attention aux plus humbles, à tous ces gens simples que le hasard du fait divers fait sortir de l’anonymat et qui constituent la majorité des « blessés de l’information » (Pour une éducation juridique et civique, Jean-Pierre Chapelle) Ouest-France
• Harmoniser la rédaction, éviter les conflits internes et externes. Dernières Nouvelles d’Alsace
• Harmoniser la rédaction. Mettre à disposition des outils pratiques pour faciliter le travail d’enquête et de rédaction. Dauphiné Libéré
• Harmoniser la rédaction. L’Union de Reims
• Donner un sens au projet éditorial et le mettre au service du lecteur. Constituer un outil de référence non seulement pour la rédaction, mais aussi pour tous ceux qui ont la mission de fabriquer chaque jour Sud Ouest. Sud Ouest
• Ce que l’on veut à tout prix éviter, c’est l’arbitraire qui conduirait telle ou telle rédaction à développer telle ou telle ligne politique en fonction de lignes rédactionnelles, en fonction d’options et de sensibilités diverses. Et que, finalement, le citoyen face à son journal, ait deux attitudes totalement différentes. ça permet d’abord une position d’harmonie interne mais aussi vis-à-vis de l’extérieur d’avoir une position explicative. Le Télégramme de Brest