6) Les modes de traitement de l’information : du faire à l’être

L’encadrement des pratiques journalistiques par des valeurs, auxquelles le journaliste est fortement convié à se référer, constitue finalement une partie infime de ces documents, excepté pour Ouest-France. En effet, la plupart des chartes et autres fondamentaux vise particulièrement les différents modes de traitement et leur implication auprès du lecteur. De la réalisation des pages locales au compte-rendu de faits divers en passant par l’utilisation de la photographie, tout est savamment répertorié mais surtout encadré. Le document le plus élaboré en la matière est sans aucun doute celui du journal Sud Ouest. Là encore, il s’agit de renforcer ‘« le contrat de lecture’ » et plus précisément ‘« le confort de lecture’ » du public visé. La partie consacrée à la charte rédactionnelle et graphique stipule d’ailleurs clairement : ‘« Chaque mode de traitement a une fonction particulière. Tout détournement complique la compréhension. En perdant son identité, il perd ipso facto de son efficacité. Le détournement de mode de traitement (…) ruine méthodiquement la qualité de relation du lecteur avec son journal’ » (Sud Ouest). Il s’agit donc d’être ‘« efficace’ » avant tout. Rien n’est laissé au hasard : du type de police utilisée à sa taille, de l’emplacement de l’article à son titre, de l’accroche à la photographie. Le tout entouré de deux glossaires, l’un consacré aux éléments de droit de la presse, l’autre aux termes utilisés dans la rédaction et dans les ateliers. Véritable outil de travail qui, comme son nom l’indique, ‘« guide’ » l’ensemble de la rédaction dans les moindres détails. Ainsi, si l’on se penche sur le contenu du chapitre ‘« Outils rédactionnels’ », il est intéressant de noter que pour chacun des termes constitutifs de l’abécédaire, sont disséminés des recommandations qui réfèrent aux valeurs telles que la précision, la clarté, l’efficacité et ce pour le plus grand confort du lecteur, auquel il est sans cesse fait mention. Retenons, à titre d’exemples, les termes suivants :

• Compte-rendu : (…) Le journaliste garde ses distances, donne les faits et s’efface derrière eux, laissant au seul lecteur le loisir de juger (…)
• Critique : (…)La critique peut être sévère si elle est fondée. Elle ne s’exerce pas au mépris des faits. Elle peut railler, vitupérer, adorer, flatter, encenser. Si elle est crédible. Si le journaliste est lui-même crédible parce qu’averti et documenté (…) Elle a pour vocation d’élever le débat, d’enrichir la réflexion du lecteur.
• Débat : Très peu pratiqué, le débat reste cependant le mode d’expression séduisant pour le lecteur qui n’aime rien tant que la confrontation. (…) Il peut s’agir d’une confrontation entre plusieurs interlocuteurs où le journaliste distribue la parole sans l’accaparer.
• Dossier : (…) on n’oubliera pas de recourir systématiquement au chapeau en exergue de chaque chapitre, ce dernier faisant entrer rapidement le lecteur dans l’intelligence du sujet.
• Interview : (…) Le journaliste n’est pas là pour donner son avis mais pour en demander un (…) Le lecteur entre dans l’interview à sa façon. S’il tombe sur du papotage, il n’ira pas plus loin.
• Légende : (…) le lecteur découvre généralement la légende avant l’article auquel elle se réfère (…)
• Reportage : Le reporter a un devoir d’atmosphère. Il fait sentir au lecteur ce que lui-même a vu, entendu, touché, goûté, respiré d’un événement.