f) Vers une critique du journalisme ?

La cohérence est de rigueur dans les propos de Jean-Marie Colombani, qui écrit dans une manchette de Une, à la date du vendredi 7 mars 2003 : ‘«Oui, le journal, toute la famille du Monde s’est sentie blessée, injuriée, rabaissée. Nous avions d’abord besoin de réaffirmer notre cohérence ’» 763 . Cette ‘« famille du Monde’ » n’est pas sans rappeler ‘« la communauté d’esprit et de travail’  » dont il est partout fait référence dans le Livre de Style. Nous retrouvons, dans cet article, l’incarnation par le journal Le Monde, de la figure de l’excellence, sous le couvert de la métaphore : ‘» Lorsque l’orage s’abat sur une forêt, c’est l’arbre le plus grand qui est touché par la foudre. S’il vient à s’enflammer, c’est toute la forêt qui brûlera’ ». Cohérence, encore, lorsque Guillaume Durand pose la question de savoir ‘« pourquoi n’avez-vous pas souhaité débattre avec les auteurs sur le plateau de l’émission Campus ?’ ». Et l’intéressé de répondre : ‘« Parce que les auteurs ne racontent pas notre histoire. On peut discuter du journalisme, du pouvoir du journaliste. Jusqu’où peut-il aller ? ’ ». Il ajoute : ‘« on ne répond pas à la calomnie’ » 764 . Or, c’est bien l’histoire du journal qui est en partie racontée dans le Livre de Style tout autant que les pratiques journalistiques qui y ont cours. Edwy Plenel aussi s’insurge : ‘«Il faut débattre de notre métier, de notre culture professionnelle commune »’ et de rétorquer : ‘« Le Monde n’est pas une institution, c’est une collectivité ’» 765 . Au dessin de Jean Plantu, opposé par François Rayneart, chroniqueur au Nouvel Observateur, représentant la fameuse souris bâillonnée et lisant l’ouvrage de Pierre Péan et de Philippe Cohen, Edwy Plenel répond, toujours dans la même logique : ‘« Plantu, notre dynamique collective l’agace’ ».

Les exemples qui donnent crédit à la cohérence des propos des directeurs de publication et de la rédaction du Monde, pourraient se multiplier. Il est certain qu’il en va de leurs intérêts d’opposer une cohérence certaine aux accusations des deux journalistes investigateurs. Cela dit, sauf à imaginer que le Livre de Style du Monde anticipait la manœuvre de Pierre Péan et de Philippe Cohen, intervenue un an plus tard, les responsables du Monde ont tenu à rendre des comptes à leurs lecteurs bien avant qu’il leur soit sommé, par l’ampleur de l’événement, de le faire.

Il est toutefois un point précis sur lequel les responsables du Monde ont manqué quelque peu de cohérence. Nous avions noté, dans l’analyse du Livre de Style, la propension de ses auteurs, au premier rang desquels Jean-Marie Colombani et Edwy Plenel, à jouer de l’exclusivité : ‘« il y a nous et les autres »’. Cette distinction est relativement claire dans l’éditorial d’Edwy Plenel : ‘« une discipline collective’ ». Prompt à présenter les devoirs ‘« d’un journaliste du Monde’ », le directeur des rédactions vise à afficher sans équivoque possible le signe distinctif. D’ailleurs il l’écrit : ‘« Accepter, quotidiennement, l’épreuve des faits, c’est admettre que ceux-ci ne sont pas d’emblée réductibles à une seule et unique grille d’explication dont les journalistes en général et ceux du Monde en particulier seraient les dépositaires attitrés’ ». Il y a donc ‘« les autres en général et les journalistes du Monde en particulier »’. Pourquoi insister sur ce point qui peut apparaître bénin ? Parce que, si dans le cadre d’une stratégie de renforcement de l’identité collective, cette distinction se justifie, elle n’est plus de mise lorsqu’il s’agit de contrer les accusations ‘« d’hégémonie’ » qu’ont lancé Pierre Péan et Philippe Cohen à l’endroit du Monde. Dès lors, toutes mentions de type ‘« un journaliste du Monde »’ ou ‘« les journalistes du Monde’ » sont quasiment bannies du plaidoyer des deux directeurs qui vont, cette fois-ci, faire l’éloge de la profession, sans introduire de distinction. Ainsi on relève, dans les articles du Monde, que ‘« Une enquête, dans notre métier, suppose des règles (…) ; Ce livre atteint notre métier pour la simple raison qu’il y banalise le discrédit et le déshonneur. S’il en fallait une seule preuve, elle est tout entière dans le peu de cas que font les auteurs des usages élémentaires de notre profession, ce code commun grâce auquel, par delà les titres et les groupes, notre métier peut prétendre avoir un sens (la vérité) et un crédit (la rigueur) ; Elle illustre un entêtement dans l’inexactitude que tout lecteur informé, et notamment un journaliste professionnel, peut de lui-même constater (…) ».’ La même stratégie est constatée dans l’émission littéraire Campus. Edwy Plenel rappelle, à cette occasion, ‘«qu’il faut débattre de notre métier. C’est une bonne occasion, discutons ensemble de la profession. On a une petite culture professionnelle commune, on a, tous, le même métier : un outil à lunettes, un stylo et la vérité des faits’ » 766 . Jean-Marie Colombani aussi, souligne, non sans arranger quelque peu la situation, que ‘« le problème de l’investigation est au cœur du livre qui donne un coup d’arrêt au journalisme d’investigation, au côté artisanal, difficile, délicat du métier ’» et de conclure ‘« c’est injurieux et grave de discréditer une fonction de la presse qui nous met au cœur du projet du livre’  » 767 . Pourtant cette volonté de ramener sans cesse le débat à la presse en général et à la profession tout entière ne résiste pas longtemps aux questions précises de Guillaume Durand. En effet, lorsque l’animateur revient sur l’amitié qui s’est nouée entre Edwy Plenel et Bernard Deleplace 768 , le directeur des rédactions concède : ‘« cette amitié m’a amenée à faire déontologiquement des choses que la profession réprouve’ » 769 . La précision des questions accule même à une certaine remise en cause qu’exprime les propos des deux directeurs : ‘« Nous sommes à un stade où nous devons nous interroger. Nous devons tirer des leçons que nous ne serons jamais assez rigoureux’ » (J.M Colombani) ; ‘« Ce journal a du pouvoir. Il peut même se tromper (…) nous avons tiré une leçon sur l’effet de loupe’ » (E. Plenel). Nous constatons donc que l’un des éléments de la stratégie de défense des responsables du Monde consiste à faire de leur combat celui d’une profession entière et de la presse en général sur laquelle pèse déjà ‘« un environnement économique difficile ». Ce constat est d’autant plus clair dans la réponse qu’a adressée la rédaction du Monde aux deux auteurs et qui conclut ainsi : « Mais que cela soit écrit et publié, puis répété, sans aucune des exigences élémentaires du métier d’informer, est sans doute la plus désolante des leçons d’une affaire qui n’a pas fini de nous instruire sur l’état des médias en général et de notre profession en particulier’ » 770 .

Il nous est apparu intéressant de mettre à l’épreuve le contenu du ‘« Livre de style du Monde’  » dans la mesure où la publication de la ‘« Face cachée du Monde’ » a donné lieu à des interrogations éthiques qu’ont volontiers repris les instigateurs du Livre. Ce qu’il nous paraît important à retenir de cette réflexion, c’est la manière dont les directeurs de la publication et des rédactions, mais aussi l’ensemble des rédacteurs, ont convoqué le journalisme, tantôt comme profession, tantôt comme métier. Il ne s’agissait pas de dissimuler son appartenance au Monde mais d’en nuancer l’importance pour mieux s’unir derrière une entité beaucoup plus forte, désormais unie pour se battre : la profession de journalistes à laquelle on reconnaît des règles et des pratiques soudainement communes.

Cette dernière remarque nous permet de rebondir sur un élément du Livre de Style qui a suscité toute notre curiosité. En effet, à la page 15 du Livre de Style du Monde, le lecteur retrouve ‘« la Charte de Munich’ » dans son intégralité. Notre conversation téléphonique avec Laurent Greilsamer, datée du mardi 25 mars 2003, nous a permis d’y voir plus clair. ‘« L’acteur’ » du Livre de style (vs les observateurs que nous sommes), nous rappelle le contexte de la création du document. ‘« Il procède d’abord d’une volonté de concrétiser une idée qui a germée voilà près 15 ans et qui fut en partie réalisée lors de la mise en place d’un médiateur, en 1994. Le Livre de Style en est la suite logique ’» 771 .

Selon Laurent Greilsamer, ‘« 80 % du travail de réalisation ont consisté en l’élaboration de l’architecture du document et notamment de l’écriture des dictionnaires’ » 772 . Pour ce faire, Laurent Greilsamer a travaillé en étroite collaboration avec les 25-26 correcteurs que compte Le Monde. Les 20 % restant ont été consacrés à la partie ‘« déontologie’ ». S’agissant du choix de l’introduction de la Charte de Munich dans le Livre, Laurent Greilsamer nous a précisé qu’il lui avait incombé et que c’était ‘« intuitivement’ » qu’elle avait été intégrée au Livre de Style. Notre interlocuteur a souligné, en effet, l’importance que soit identifiée, par le lecteur, une référence professionnelle 773 . Or, à aucun moment, qu’ils s’agissent des articles publiés dans Le Monde ou de l’émission Campus, les responsables du Monde ont fait usage de cette ‘« référence professionnelle’ ». Pourtant, il eut été sinon utile du moins logique d’en faire référence au regard des critiques qui portent sur des questions d’éthique journalistique dans l’ouvrage de P. Péan et P.Cohen.

Jean-Marie Charon, à l’occasion d’un séminaire consacré à la publication de la ‘« Face cachée du Monde »,’ esquisse les thèmes suscités par l’enquête des deux journalistes et notamment celui ‘« du gouffre entre les déclarations du Style du Monde et les pratiques journalistiques’  » 774 . Nous avons pris le risque de descendre dans le ‘« gouffre’ » pour y extraire ce qui, en effet, sépare le contenu du Livre de Style des pratiques mises à jour dans l’ouvrage. Même si, selon J.G. Padioleau, l’ouvrage constitue ‘« un phénomène social (…) qui remplit d’aise les disciples de la science sociale’  », nous prenons toutefois les précautions de ne pas tomber dans une quelconque polémique qui opposerait des interprétations contestables et conjecturales. Certains s’y sont risqués en qualifiant le livre de ‘« pas sérieux en ce qu’il ne se fonde pas sur une enquête véritable’ » 775 d’autres, au contraire, s’interrogent : ‘« faut-il y voir une critique du journalisme ? ’» 776 .

Il faut, dans l’ouvrage de Péan et Cohen, distinguer plusieurs acteurs sollicités, parfois, indistinctement 777 . Les deux auteurs expliquent leur démarche dans un ‘« avertissement au lecteur’ », avertissement qui intervient après l’introduction : ‘« Notre condamnation n’est pas morale mais politique : les faits nous enseignent que les méthodes employées par les dirigeants du Monde l’éloignent de plus en plus de sa vocation initiale pour le mettre au service du pouvoir d’un petit groupe d’hommes eux-mêmes entourés d’une caste bureaucratique-médiatique en voie de consititution. Ce livre s’adresse prioritairement à celles et ceux qui furent lecteurs attentifs et fervents, qui ont cessé de le lire ou qui en sont restés les acheteurs alternativement résignés et indignés, nostalgiques d’un temps où l’éthique professionnelle y campait au poste de commande »’ 778 . L’introduction recèle des éléments qui permettent, d’emblée, de situer l’avant et l’après, selon la configuration des auteurs. Ainsi le lecteur est amené progressivement à distinguer ‘« le nouveau Monde’ » (quatre occurrences, pp.12,16,17,19 et 20) du ‘« vieux Monde’ » (p13) ou encore du « ‘Monde d’hier’ »(p18). Il y a en effet ‘« ce qu’il fut avant’ » (p11) et ce qu’il est maintenant. S’il reste ‘« un organe d’information insoupçonnable pour la grande majorité de ses lecteurs »’ 779 , il est aujourd’hui accusé par les deux journalistes ‘« de dénonciation à sens unique’ », de ‘« cynisme’ », ‘« d’abus de pouvoir’ » et ‘« d’autocratie’ » et de résumer : ‘« Comme on le vérifiera, le nouveau Monde n’a donc plus de filiation morale, politique et culturelle avec le journal de Hubert Beuve-Méry »’ 780 . Le lecteur est inéluctablement amené à faire le lien entre la mise en accusation de ‘« la nouvelle direction’ » (p11), ‘« les nouveaux patrons’ » (p11), ‘« les nouveaux responsables »’ (p15), ‘« les dirigeants du Monde’ », ‘« le Pdg du Monde’ » (p12), ‘« le directeur de la rédaction »’ (p12), ‘« les dirigeants du Monde’ » (p18) et Le Monde, le nouveau, en tant que journal. Devenu un instrument de manipulation, de dénonciation, d’intimidation bref de pouvoir, le ‘« nouveau Monde’ » a perdu de son prestige. Cela dit, ‘« faut-il effectivement y voir une critique du journalisme ? »’ et /ou une critique portant sur l’éthique professionnelle des seuls dirigeants du Monde ?. Car enfin, les auteurs ciblent tantôt le journal – ‘« quand un journal se sert du contenu de ses propres colonnes pour contraindre ou séduire des actionnaires (… )’ » 781 - tantôt la rédaction – ‘« si les conséquences de cette pratique sont gérables (c’est-à-dire acceptable sur le plan moral ou déontologique) à titre individuel, elles deviennent beaucoup plus délicates et discutables, une fois ladite pratique instaurée à l’échelle d’une rédaction’ » 782 -. Pour rajouter encore à la confusion, ils n’hésitent pas à user des procédés rhétoriques de la personnification (le journal se sert ; la part d’ombre du nouveau Monde ; la peur est devenue la principale arme du Monde. Une peur qu’il prétend mettre au service d’un combat (…) Le Monde clame que ses frontières sont dépassées (…), etc.) et de la synecdoque dont l’usage révèle l’ambiguïté de la critique. En effet, la critique ne vaut que si elle est située, or si l’introduction sème la confusion entre les cibles visées –l’échelle d’une rédaction, les dirigeants du Monde, Le Monde, le journal, le groupe Le Monde, Le pouvoir d’entre tous les pouvoirs, etc.-, les cinq cent cinquante pages restantes, à l’exception de la conclusion 783 , ne laissent aucune place à l’équivoque : c’est la direction du Monde, et notamment Jean-Marie Colombani, Edwy Plenel et Alain Minc, qui font l’objet d’un salve de critiques, parfois même intuitu personae. Il paraît donc difficile d’y lire une critique du journalisme, dès lors que les auteurs ont accepté de jongler avec ces entités multiples. Cela dit, du seul point de vue de l’éthique professionnelle, dont il est fait référence dans l’avertissement, les accusations portent sur les faits suivants : ‘« la partialité de nombres d’enquêtes, une inexplicable volonté de nuire, la fatuité de certains articles (…)’ » et la primauté donnée à ‘« l’info spectacle, au racolage’ » 784 . Dont acte. Ces accusations sont étayées par de nombreux exemples de ‘« dérapages’ » dont les auteurs sont clairement identifiés : ‘« les journalistes qui font à présent les belles heures du Monde sont en réalité des gestionnaires de « fuites » en provenance de la Justice et de la police’ » 785 aux ‘« techniques d’investigation critiquables’ » 786 qui incarnent un ‘« modèle de journalisme moralisateur, justicier voire délateur »’ 787 qui procèdent ‘« par réécriture de procès verbaux fournis par des juges ou des avocats »’ 788 et enfin qui ‘« oublient de contextualiser et d’historiciser les dossiers ’» 789 . Le doute ne serait plus permis si, préalablement, les deux auteurs n’avaient pas pris la précaution de mentionner au détour d’une phrase : ‘« Une fois devenu directeur de la rédaction, Edwy Plenel a en quelque sorte appris ses « ficelles » à ses affidés afin que le « tour de main » du « métier » puisse se perpétuer ’» 790 . Le second exemple de ciblage concerne cette fois-ci Jean-Marie Colombani. Il est motivé par les deux journalistes : ‘« Bien entendu, jamais une telle idée ne nous serait venue à l’esprit si le directeur du Monde n’avait pas pris le risque de donner des leçons de morale réitérées sur le sujet »’ 791 . Selon les auteurs, ‘« le premier indice d’une certaine liberté prise avec une éthique professée par ailleurs a été dénoncé dans Charlie Hebdo par François Camé’ » 792 . Le patron du Monde est accusé ‘« jusqu’en janvier 1997, d’avoir touché 30 000 francs par mois pour sa participation à l’Heure de vérité’ » 793 laquelle se serait arrêtée en juin 1995. Plus loin, il est accusé d’avoir participé à des séances de ‘« Média training’ », de profiter de voyages grâcieusement offerts et de multiplier les prestations pour d’autres médias. Le système de défense des accusés, celui, du moins, qui a été rendu publique, a consisté, comme l’avait laissé présager les auteurs 794 , à défendre le journal : ‘« Le Monde’ » est-il un danger pour la démocratie » ; ‘« Le Monde oppose les faits aux accusations calomnieuses’ » ; ‘« Le journal est la cible d’attaques croisées des extrêmes dans des livres pamphlétaires et des libelles depuis les années 1950’ ». Ce n’est pas pour autant que les acccusés feignent les critiques personnelles comme en témoignent les nombreux paragraphes consacrés au sujet, dans l’article d’Edwy Plenel. Mais la chute de l’article déplace astucieusement le cœur du débat que le directeur de la rédaction du Monde avait pourtant savamment décrit auparavant. En effet, il conclut subtilement : ‘« on se rassurera donc en supposant que MM. Péan et Cohen se sont trompés d’époque. A moins que, emportés par leur passion, ils ne témoignent des dérives et des confusions de notre temps »’ 795 . Or, alors même que Laurent Greilsamer évoque la nécessité que soit identifiée, par le lecteur, une référence professionnelle, celle justement rendue publique par le Livre de Style, nous nous interrogeons de savoir pourquoi les dirigeants du Monde n’y ont jamais fait référence ?

Il ne nous appartient pas d’apporter un jugement mais au contraire de comprendre la manière dont la critique est non seulement portée mais aussi située. Il est évident qu’il existe un ‘« gouffre’ » entre les déclarations du Livre de style (voir plus haut) et certaines pratiques journalistiques dévoilées. Ceci dit, penser que le Livre de style sert de ‘« brévaire de parfait petit journaliste vertueux’  » 796 est aussi naïf que d’imaginer que l’ensemble de la rédaction du Monde est totalement asservi aux voix de leurs maîtres. Si la prudence est de mise sur une polémique qui s’est éteinte aussi vite qu’elle est arrivée, un doute subsiste toutefois. Il porte sur le système de défense des dirigeants du Monde qui a laissé de nombreuses acccusations de dérives sans réponse et qui, par ailleurs, a étendu la critique à toute une profession laquelle paraît désormais être, elle aussi, concernée. Notre hypothèse reste entière : l’éthique professionnelle abrite des jeux de pouvoir et sert, en tant qu’objet du discours, d’une part à monopoliser la réprésentation normative d’une profession et, de l’autre, à imposer des rationnalités utilitaristes, cognitives et axiologiques. C’est ainsi que la condamnation politique (voire idéologique) rejoint la condamnation morale dans l’ouvrage de Péan et Cohen.

Notes
763.

Colombani J.M., « A nos lecteurs », in Le Monde, vendredi 7 mars 2003.

764.

Propos tenus lors de l’émission Campus, le jeudi 6 mars 2003.

765.

Idem.

766.

Propos tenus lors de l’émission Campus, le jeudi 6 mars 2003.

767.

Idem.

768.

Bernard Deleplace a été secrétaire général de la Fédération autonome des syndicats de police (FASP) de 1981 à 1990, date à laquelle il a démissionné de ses fonctions.

769.

Propos tenus lors de l’émission Campus, le jeudi 6 mars 2003.

770.

«« Le Monde » oppose les faits aux accusations calomnieuses », in Le Monde, vendredi 7 mars 2003.

771.

Greilsamer L., op. cit.

772.

Idem.

773.

Selon Laurent Greilsamer, une seconde édition, dont la sortie est prévue en octobre 2003, viendra améliorer cette première mouture car, toujours selon son maître d’œuvre, « tout cela est perfectible ».

774.

Charon J.M., Séminaire « Temps, médias et société », fondation nationale des sciences politiques, 14 mars 2003

775.

Eveno P., Séminaire « Temps, médias et société », fondation nationale des sciences politiques, 14 mars 2003.

776.

Dayan D., idem.

777.

Patrick Eveno souligne très justement « qu’il faut délimiter l’entreprise et le journal : pour le NMPP, c’est l’entreprise qui fait du lobbying et non le journal ».

778.

Péan P. et Cohen. P, op. cit., p 22. Notons que si la condamnation est « politique », c’est bien la disparition d’une éthique professionnelle du journal qui est ici regrettée.

779.

Ibid., p 11.

780.

Ibid., pp. 18-19.

781.

Ibid., p 17.

782.

Idem.

783.

En effet, on peut lire, dans la conclusion : « le comportement personnel de ses responsables montre qu’ils ne croient guère aux valeurs défendues dans ses colonnes » (p.600) puis, plus loin, « Le Monde a davantage défendu des intérêts particuliers que ceux de la vérité ».

784.

Ibid., p 14.

785.

Ibid., p 229.

786.

Ibid., p 234.

787.

Idem.

788.

Ibid., p 229.

789.

Ibid., p 230.

790.

Ibid., pp.228-229.

791.

Ibid., p553. Ces propos corroborent le titre du chapitre « Beuve, la paille et la poutre » en référence à une parabole du nouveau testament : « Ne vous posez pas en juge, vous ne serez pas jugés (…) que j’ôte la paille qui est dans ton œil, toi qui ne vois pas la poutre qui est dans le tien »

792.

Ibid., p 553.

793.

Idem.

794.

Les auteurs soulignent que « si lui, Jean-Marie Colombani, est attaqué, c’est au Monde que l’on cherche à s’en prendre. Ceux qui ne sont pas avec le Parti sont forcément contre lui… », p 556.

795.

Plenel E., op. cit., 26 février 1993.

796.

Ibid., p 552.