b) La responsabilité du diffuseur

La responsabilité du diffuseur constitue la partie centrale de la charte et traite particulièrement des problèmes inhérents à la déontologie de l’image, au droit à l’image, à la protection des sources et aux problèmes qu’entraînent l’accélération de diffusion de l’information et la concurrence. FranceTélévisions a fait le choix de placer au cœur de son dispositif de responsabilité le respect de la personne, de sa dignité et de sa vie privée. Elle est d’ailleurs aidée en cela par le respect très strict d’un cahier des charges spécifique à chacune des chaînes publiques constitutives de FranceTélévisions. Ici, aucune innovation en matière de règles à suivre, la télévision publique s’en tient, stricto sensu, à la loi. Seuls deux éléments viennent s’ajouter au corpus juridique : le respect de la souffrance et celui des différences. Selon FranceTélévisions, le respect de la souffrance est un ‘« respect de principe’ ». Quant au respect des différences, il s’inscrit déjà dans l’offre de programme qui se réclame de ‘« la diversité des origines et des cultures constitutives de la société française »’.

Enfin, il est un dernier point sur lequel FranceTélévisions s’est volontairement attardée et qui, manifestement, fait l’objet de toutes les attentions de la part du CSA : la violence 832 . FranceTélévisions en distingue les manifestations sans pour autant nuancer ses propos à son égard. Qu’elle soit en effet ‘« gratuite’ » ou ‘« réelle »’, elle est condamnée et de préciser ‘« FranceTélévisions ne peut cautionner des représentations purement gratuites de la violence (…) le contexte de la violence est essentiel, il doit être expliqué et cadré par la chaîne qui ne privilégie jamais l’émotion sur le sens »’. Les représentations de la violence, si tant est qu’elles puissent se justifier, sont d’ailleurs ‘« asservies à une éthique éditoriale ou culturelle’ ». Quant aux violences réelles, il est légitimement rappelé ‘« qu’elles sont parfois consubstantielles à l’événement que les journaux télévisés, magazines et documentaires ont la charge de présenter et d’analyser’ » et d’expliquer ‘« en interdire purement et simplement la représentation aboutirait à désinformer le public »’. Sur ce point précis, FranceTélévisions est clair et formule la chose, comme l’avait fait, une dizaine d’années auparavant, Ouest-France, : ‘« la responsabilité de FranceTélévisions est de dire, non de taire, de montrer et non de dissimuler ».’ Il faut noter, au sujet de la violence, que le CSA exerce une vigilance sans relâche et qu’il est souvent amené à conduire telle ou telle chaîne du service public à une mise en demeure soit pour non-respect de la signalétique censée protéger les mineurs, soit pour la diffusion d’images à caractère violente 833 .

La charte d’antenne de FranceTélévisions est un document extrêmement complet qui n’a de cesse de rappeler que service public rime avec responsabilité. Ces deux articulations essentielles ne souffrent d’aucun compromis, y compris au regard de la course à ‘« l’audimat’ » que peuvent lui imposer ses concurrents privés. Cette charte vient, à l’externe, consolider le contrat de confiance et le contrat moral qu’a passé l’ensemble des chaînes du service public avec le téléspectateur et soudent, à l’interne, des sociétés désormais regroupées sous la même bannière éthique et déontologique. En effet, si l’intérêt de la société FranceTélévisions est de préserver l’identité de chacune des chaînes qui la constituent, il est aussi de fédérer à grands renforts de principes et de rappels à la loi, les 6500 collaborateurs que compte le groupe. Son président directeur général, Marc Teissier, l’a d’ailleurs écrit dans l’éditorial électronique qui augure la présentation du document : ‘« la charte d’antenne exprime notre engagement et donne une force collective au groupe en clarifiant sa mission, en énonçant ses valeurs, ses principes et ses règles déontologiques’ ».

Notes
832.

Nous avons été étonnés de ne voir, cette fois-ci, aucune référence à l’étude de la COFREMCA, alors même qu’elle portait sur le sujet.

833.

Voir à ce sujet le site du CSA et notamment la rubrique « décisions du CSA » pour la télévision.