3) La procédure d’embauche à Ouest-France : un « esprit de dialogue »

L’exemple de la procédure d’embauche à Ouest-France est à cet égard significatif 854 . Les lettres de candidatures sont centralisées par la direction des ressources humaines (DRH), qui constitue le dossier (curriculum vitæ, pièces jointes par le candidat, analyse graphologique), écarte les demandes non recevables et gère tous les échanges préalables. Le comité, composé de deux membres de la rédaction en chef, d’un de la DRH et du psychologue, reçoit les candidats susceptibles d’être embauchés pour un poste donné. Chaque candidat a donc une série de quatre entretiens. Le comité se réunit et fait le bilan des entretiens. Soit un candidat est jugé recrutable par tous les membres et il passe à l’étape suivante, soit, il est jugé négativement par tous et sa candidature est rejetée. Il peut arriver que le comité soit divisé ce qui donne lieu à un avis supplémentaire, pris par un nouvel entretien conduit par une tiers personne ne faisant pas partie du comité. Le candidat retenu par le comité rencontre François-Régis Hutin, PDG de Ouest-France, pour un entretien relativement long durant lequel sont abordés l’expérience du candidat et la présentation des grands traits du journal. Au cours de cet échange, le PDG quotidien breton remet au candidat quelques documents parmi lesquels : l’éditorial fondateur de Paul Hutin-Desgrée dans le numéro 1 de Ouest-France (août 1944), tel texte de lui-même, telle note de la rédaction en chef et la charte, en l’invitant à réfléchir à tout cela et à lui écrire éventuellement pour d’autres détails mais aussi et surtout pour lui confirmer son souhait de travailler dans cet esprit. Cette procédure d’embauche, définie d’emblée dans un esprit de dialogue, réduit pourtant à la portion congrue ‘« la capacité des jeunes journalistes à une distanciation professionnelles par rapport à leur employeur’  », capacité censée être enseignée dans les écoles de journalisme 855 . Cela dit, à l’aune des responsabilités qui incombent aux éditeurs, il paraît totalement légitime que le futur employeur dirige la manœuvre et s’assure de la qualité et de la convergence de vues de ceux dont les écrits engageront le journal et le conduiront éventuellement, en tant que directeur de la publication, devant les tribunaux.

Notes
854.

Nous devons l’ensemble de ces informations à François-Xavier Alix qui fut l’un des initiateurs de la procédure d’embauche à Ouest-France telle qu’elle est aujourd’hui appliquée.

855.

Mathien M., op. cit, 1999, p 213.