« Le colloque de la PQR : une déontologie défensive » - N°218 – 3ème trimestre 1991

Depuis que Georges Kiejman, d’abord comme avocat, puis comme ministre, a laissé entendre qu’une réforme de la loi de 81 s’imposait, les milieux patronaux bétonnent cette ligne de défense : la loi de 1881 est une loi de liberté, c’est le socle de notre système. Il ne faut pas y toucher. Le SPQR a fait sien ce leitmotiv, lors du colloque presse-justice, qu’il a tenu à la mi-juin, à Paris, un colloque qui ne manquait pas d’intérêt, au moins du fait de la présence de quelques invités –avocats, journalistes, enseignants en journalisme – dont le discours allait souvent à rebours de la ligne PQR. Une ligne qui peut ainsi se résumer : 1-Il y a trop de procès de presse ; il faut nous mettre à l’abri. D’où le fameux ‘«Vademecum’ » diffusé fin 1998 dans les rédactions, document qui était essentiellement un rappel des règles de base de la législation, avec quelques conseils ‘« préventifs’ » pour éviter les procédures. 2- Quand surviennent les ‘« idées’ » de réforme législative et les événements générateurs d’une mise en accusation des médias (Timisoara, guerre du Golfe), la PQR décide d’élargir sa réflexion aux problèmes juridiques globaux (responsabilité pénale et civile) et déontologique. Mais là encore, il s’agit d’une démarche ‘« fermée’ » puisque sous-tendue par deux a priori : on ne touchera pas à la loi de 1881 et l’on n’introduira rien (organisme arbitral, conseil de presse, conseils de rédaction, ‘« ombudsman’ »…) qui ‘« porte atteinte’ » à la ‘« responsabilité morale du directeur de publication »’. Rendons justice au SPQR : il n’est pas seul, actuellement, à camper sur cette position où la déontologie n’est évoquée et invoquée, qu’à usage purement défensif.