« Déontologie et liberté de la presse : Intégrer la Charte des devoirs dans la convention collective » - N°246 (supplément) - octobre 1997

Le SNJ affirme solennellement la nécessité plus que jamais actuelle, d’une déontologie professionnelle reconnue par tous, perçue et vécue comme garante du droit à l’information des citoyens et donc de l’exercice libre et responsable du métier de journaliste. Au-delà des dérapages et manipulations constatés lors de la couverture de la guerre du Golfe, des bouleversements à l’Est et de certaines affaires judiciaires en France, les questions déontologiques se posent pour tous au quotidien. Rappelons que le journalisme français n’a jamais connu d’âge d’or du point de vue de sa rigueur déontologique, on peut même repérer maints signes d’amélioration par rapport à la première moitié du XXe siècle. Pour le SNJ, tout principe déontologique est incompatible avec une pratique du journalisme assujettie aux seuls impératifs d’une concurrence centrée sur le profit. Cette pratique, même minoritaire, discrédite la profession dans son entier aux yeux des citoyens. A la précarisation des emplois, l’orientation mercantile accélérée des entreprises d’information ajoute une fragilisation de la pensée. Le respect des principes déontologiques dépend de la conscience de chacun, de son professionnalisme, de sa connaissance des dossiers. Une formation solide limite les risques d’erreur. Le SNJ est donc particulièrement attaché à la formation qui devrait intégrer un apport déontologique. C’est à ce titre que le SNJ accorde une attention spéciale aux écoles reconnues. La mission d’informer comporte nécessairement des limites que les journalistes eux-mêmes s’imposent spontanément. Tel est l’objet de la Charte des devoirs, rédigée par le SNJ en 1918, révisée en 1938, et de la Déclaration de Munich (1971). Le SNJ exige depuis des années l’intégration de la Charte des devoirs dans la convention collective. Cette revendication se heurte malheureusement à l’opposition des patrons de presse, plus portés à édicter sans concertation des ‘« codes de déontologie’ » maison, qui mélangent souvent règles éthiques et ligne éditoriale, voire objectifs économiques et leur permettent de sanctionner des confrères arbitrairement. L’autorité hiérarchique brime trop souvent le libre exercice des règles déontologiques définies par les journalistes. Le SNJ demande le respect intégral de la liberté d’expression du journaliste sans aucune restriction. Le choix des sujets et la hiérarchie de l’information ne doit pas dépendre que de la rédaction. La publicité doit être clairement identifiée. La mention publi-reportage doit être écartée, de même que toute autre présentation entretenant la confusion entre information et publicité. Aucune pression ne doit être exercée sur un journaliste pour la rédaction d’un article à caractère publicitaire ou « promotionnel ». De son côté, le journaliste ne doit pas user de son influence pour « aider » un annonceur ou soutenir une action de promotion en influençant ainsi directement le lecteur, l’auditeur ou le téléspectateur.